Buisson sort du bois

Publié le 10 mai 2009 par Bordeaux7

Le sculpteur bordelais Jean-François Buisson est chargé de réhabiliter les pavillons des bâtiments en friche des vivres de la marine en lieu culturel Dans cet atelier retiré près du quai Bacalan, on meule, on soude, on cisaille la ferraille au nom de l'art. Occupant les lieux depuis 2004, Jean-François Buisson, l'homme au chêne à prothèses en fer exposé en 2000 aux Quinconces, s'apprête aujourd'hui à forger un nouveau destin aux deux anciens abattoirs des bâtiments des vivres de la marine, place Victor-Raulin. "Mon projet est mûr depuis l'été dernier. Je veux en faire un endroit ouvert au public", assure-t-il au milieu de ses chaises, tables et autre canapé en fer, dans la fraîcheur du métal et l'odeur âcre de la limaille. Il va signer avec la mairie de Bordeaux un bail emphytéotique de trente ans pendant lequel il devra réaliser des travaux d'un montant global de 1,4 million d'euros, avec le soutien de la DRAC et de mécènes. A terme, son idée doit aboutir à la reconversion de son atelier en galerie d'expositions, jouxtant une résidence d'artistes, gérée par l'association Les Vivres de l'art qu'il a créée l'automne dernier. En ruines et ravagé par un incendie, l'autre pavillon devrait prendre la forme d'une grande verrière qui fera office d'atelier. Concernant la place publique qui sépare les deux sites de quelques mètres, l'artiste entend proposer son réaménagement aux autorités : il y verrait bien le blockhaus recouvert d'une butte végétale, une scène d'expression libre bordant un bassin, un mur de panneaux préfabriqués en béton démontables dédié aux graffitis, ainsi qu'un rang de vigne le long de la rue Achard et son tramway. Reconversion culturelle de friches industrielles mâtinée d'écologie, le concept a forcément séduit en ces temps de développement durable triomphant. "Je ne suis pas surfeur mais plutôt une lame de fond", s'agace celui qui réhabilitait déjà des cellules de la Base sous-marine au milieu des années 1990. "Aujourd'hui, j'ai surtout la chance d'être au bon endroit, au bon moment. Et puis je suis un peu connu à Bordeaux, j'ai le profil idéal." Mais visiblement pas celui d'Evento... Vous avez dit comment ? "Connais pas", ironise-t-il alors que l'essentiel de la manifestation est programmé dans le quartier. "Dès février, j'ai proposé quelque chose pour la place, je n'ai pas eu de réponse." Son mois d'octobre est désormais réservé, sûrement loin de Bordeaux. Un mois plus tôt, il aura pris soin de présenter la deuxième édition de son opération "Vivre de l'art avec un peu".


Guillaume Balout