Gustave Eiffel est un bourguignon dont on peut s’enorgueillir. Un ingénieur de génie et un constructeur hors norme ! Son exceptionnelle carrière, couronnée par la Tour , sera marquée par la construction du viaduc Maria Pia sur le Douro au Portugal, puis par celle du Garabit, ainsi que par la gare de Budapest en Hongrie, les charpentes métalliques du Bon Marché et du Crédit Lyonnais à Paris, la coupole de l’observatoire de Nice mais aussi et surtout, l’astucieuse structure interne de la Statue de la Liberté. Cette statue mythique est due au sculpteur français Frédéric-Auguste Bartholdi, mais sa conception interne est l’œuvre de notre Bourguignon.
Comme beaucoup de grands projets architecturaux qui appartiennent aujourd’hui à notre patrimoine, la Tour a souffert de détracteurs. Il n’a pas fallu attendre la construction du centre Georges-Pompidou ou de la Pyramide du Louvre pour voir se soulever de telles protestations.
Mais dans ce domaine, seul le temps est juge et pour la Tour Eiffel, il a rendu son verdict !
Pourtant, au moment de sa construction, de violentes protestations émanèrent de plusieurs personnalités du monde des arts entre autre :
« Nous venons, écrivains, peintres, sculpteurs, architectes, amateurs passionnés de la beauté jusqu’ici intacte de Paris, protester de toutes nos forces, de toute notre indignation, au nom du goût français méconnu, au nom de l’art et de l’Histoire français menacés, contre l’érection, en plein coeur de notre capitale, de l’inutile et monstrueuse Tour Eiffel” [proclamation dans “le Temps”] …
Ainsi ce serait donc par ces élites auto-proclamées que passeraient l’avenir, les visions innovantes, la nouvelle pensée etc. Ils se rassurent entre eux dans la critique des conservateurs et sont en compétition pour en pourfendre les immobilismes, par des paroles définitives quand leur situation personnelle n’est pas en jeu. Ils donnent ainsi des gages au bon peuple ! Et pourtant!
C’est au contraire bien souvent par eux que sont entetenues les pires rentes de situation. L’affaire récente du débat sur “la loi Hadopi“ le démontre, s’il en était besoin. Ces progressistes de composition se retrouvent souvent du côté des conservateurs de tous les temps et refusent en général les évolutions inéluctables ou les réalisations révolutionnaires, surtout quand ils sont reconnus et “notabilisés”. La bataille engagée contre le Net, perdue d’avance, est un petit caillou de plus dans leur chaussure. Ils auraient sans doute exécuter Eiffel à l’époque.