Les Jeunes Populaires sont des gens formidables

Publié le 11 mai 2009 par Innommables

Comme je le dis souvent, surtout quand on m’accuse de faire preuve d’une mauvaise foi pathologique et d’être clairement de parti pris, comme je le dis souvent donc, je n’ai jamais mis les pieds dans un meeting des Jeunesses Socialistes.
Par conséquent, je ne peux raisonnablement pas décrire le genre de militants en culottes courtes qu’on peut y croiser.

Va donc savoir si ce ne sont pas des caricatures grossières, enfants de bobos fortunés se la jouant fauchés afin de pimenter un peu leur morne existence de privilégiés, adeptes du commerce équitable et des produits "Max Havelaar" aux prix prohibitifs, un fort seyant keffieh (malheureusement made in China) noblement enroulé autour de leur cou par-dessus leur pull en mohair (un mohair fabriqué de manière équitable avec la laine de chèvres équitablement tondues par des éleveurs pauvres mais dignes et équitablement rémunérés grâce aux achats des bobos européens qui luttent pour un monde meilleur), étudiants en psychologie, en sociologie, en philosophie ou même à l’IUFM (étapes obligatoires avant de se rediriger tout naturellement vers des cursus un peu moins altruistes mais largement plus rémunérateurs comme l’ESSEC ou HEC), discutant à bâtons rompus du problème des sans-abris, des minorités injustement invisibles à la télévision, du glorieux (mais néanmoins totalement dépassé) mouvement anti-CPE et du dernier délire top-décalé-subversif de Yann Barthes au Grand Journal de Canal Plus.

Il serait intéressant que des sociologues se penchent un peu sur ce mystère.

D’autant que dans l’autre camp, voilà belle lurette que l’on sait (à peu près) qui sont les jeunes activistes qui, demain, prendront vaillamment la relève et iront à leur tour vider les caisses du Conseil Général des Hauts-de-Seine.
Car le Jeune Populaire (nom de guerre de l’adhérent UMP de moins de 26 ans, car oui, ça existe) ne connait pas la peur.
Le Jeune Populaire sait s’affirmer face à une caméra, tel un Bayard des temps modernes, et surtout, lecteur, surtout…
Le Jeune Populaire assume.
Tout.

Courageusement et avec une abnégation qui ne peut que forcer ton admiration.

Le Jeune Populaire assume son aspect quelque peu suranné, sa coiffure au bol, la mèche faussement rebelle qui te fait comprendre qu’il a le même coiffeur que Frédéric Lefebvre (qui se l’est fait lui-même conseiller par Tom Hanks pendant le tournage du Da Vinci Code), et sa façon de s’exprimer légèrement décalée (un peu comme si Helga, la domestique scandinave de ses parents, avait égaré son balai quelque part au fond de ce qui lui sert habituellement à expulser le trop-plein de foie gras d’après digestion).

On en avait déjà eu la preuve il n’y a pas très longtemps, grâce à cette croustillante petite vidéo dans laquelle le Jeune Populaire se livrait aimablement à cet exercice désormais incontournable qui consiste à passer pour un blaireau sans le savoir, en se montrant aussi naturel que possible et en débitant un maximum de conneries dans le temps imparti.

Tu croyais peut-être avoir atteint les limites de la démonstration avec ce reportage édifiant, cher lecteur?
Eh bien non.

Sache que lorsqu’il s’agit d’assumer sa connerie, le Jeune Populaire va jusqu’au bout.
Car le Jeune Populaire, ne l’oublie pas, est comme Bayard, sans peur et sans reproches (sans cervelle aussi, diront les mauvaises langues, à qui je laisserai l’entière responsabilité de cette opinion plus que partiale).
Voici donc le dernier tract tout chaud sorti des méninges probablement en surchauffe de nos éternels et iconoclastes trublions.

 

Tu noteras avec quelle finesse, quelle subtilité, le Jeune Populaire s’adresse au jeune pas (encore) populaire mais en passe de le devenir:

"Ami jeune, tu es inculte, tu es con et tu es suffisamment décomplexé pour assumer le fait de confondre la Joconde avec Madonna? Nous aussi! Si comme nous, tu as un humour de merde, une culture générale qui frise le degré zéro de la connaissance simiesque et pas grand-chose à dire aux chômeurs, n’hésite pas: rejoins nos rangs!"

Il faut se rendre à l’évidence.
Les Jeunes Populaires sont aussi doués que le Président de la République quand il s’agit de faire passer un message fort, puissant et rassembleur.
Après "casse toi, pôv’ con", voici donc "amène-toi, Dugland".
C’est fort.
Très fort.