Les corrections - Jonathan Franzen
Editions de l'Olivier - 2002
Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Rémy Lambrechts.
Enid et Alfred Lambert, septuagénaires, vivent à Saint Jude, dans un état du Midwest, aux Etats-Unis. Leurs trois enfants ont quitté la maison et ont des situations diverses : Gary, vice-président de la CenTrust Bank, vit à Philadelphie avec sa femme Caroline et leurs trois garçons. Denise est chef de cuisine dans un grand restaurant et son talent est reconnu. Chip, l'intellectuel de la famille, est professeur dans une université de New-York.
Mais ce tableau idyllique est vite mis à mal par la réalité. Alfred a la maladie de Parkinson et son traitement médical provoque de nombreuses hallucinations. Enid refuse encore d'admettre qu'elle ne pourra bientôt plus s'occuper de lui à la maison. Elle s'accroche à l'idée de réunir enfants et petits enfants à Saint-Jude pour le prochain Noël et harcèle ses enfants dans ce sens.
Gary, coincé entre les exigences de sa mère et les manoeuvres de sa femme, lutte contre la dépression. Denise se laisse entrainer dans une aventure amoureuse aux conséquences pour sa situation professionnelle. Chip s'est fait virer de l'université, à cause de la relation qu'il a eue avec une de ses étudiantes. Sa petite amie du moment, Julia, le quitte alors qu'il comptait sur elle et ses relations, pour faire accepter un scénario et se renflouer financièrement. A cours de ressources, il accepte la proposition de Gitanas Misevicius, homme d'affaires lituanien et mari de Julia, et l'accompagne en Lituanie, pour une mission assez louche !
Tour à tour dans ce livre, l'auteur s'intéresse à chaque membre de la famille Lambert et nous fait partager ses sentiments, sa vision de la vie, la difficulté de grandir, de s'assumer, de faire face à la vieillesse et la maladie.
Les mêmes situations sont racontées au travers des points de vue des différents protagonistes, ce qui est parfois assez dérangeant : je commençais à me faire une certaine idée de la situation et puis, la vision des choses d'un autre des personnages bousculait ces premières impressions. Mais c'est bien la réalité des relations familiales : Rien n'est jamais tout noir ou tout blanc, et les comportements de l'adulte en famille s'expliquent souvent par des épisodes de l'enfance.
Quelques évènements extérieurs à cette cellule familiale sont racontés avec beaucoup de brio et de férocité : Ainsi, le séjour de Chip à Vilnius est un épisode très cocasse, une parodie des affaires politico-financières qui se déroulent dans les nouvelles républiques de l'Est ! De même, la croisière luxueuse que font Enid et Alfred, en compagnie de scandinaves aisés et plein de préjugés envers les américains, est traitée avec beaucoup d'ironie.
J'avais lu ce livre de Jonathan Franzen lors de sa sortie en France mais j'en avais gardé peu de souvenirs. L'envie de le relire m'est venue à la lecture de sa préface du livre de Paula Fox, Personnages désespérés, qu'il analysait avec beaucoup de perspicacité.
Jonathan Franzen ne fait rien pour rendre les membres de la famille Lambert sympathiques et les faire apprécier de son lecteur. Comme dans Personnages Désespérés, j'ai éprouvé souvent de l'agacement à leur encontre, à les voir s'enfoncer dans des situations plus tordues les unes que les autres, se débattre dans des relations familiales frustrantes ! Mais c'est aussi dans cet environnement familial et ses contraintes que Gary, Denise et Chip trouveront des occasions de s'affirmer.
Ce livre a recu le National Book Award (l'équivalent du prix Goncourt) en 2001.
Les avis très variés des Rats de biblio, dans lesquels je me suis retrouvée. Au final, mon impression dominante sur ce livre est plutôt favorable.
Lu dans le cadre de mon challenge Relectures 2009.