Vous pouvez poser le pain à l'envers sur ma table, ouvrir votre parapluie à l'intérieur de mon appart, mettre dix chats noirs sur mon chemin ou me forcer à passer sous une échelle, je n'y verrai pas le signe du mauvais oeil.
Mais quand il s'agit de grossesse, j'avoue avoir des comportements proches de la pensée magique ou de la superstition. Pas moyen, même sous la torture, de mettre quelqu'un dans le secret (sauf le co-responsable) avant la 1er écho officielle. Passée cette première étape, il devient plus difficile de prétendre qu'on a décidément trop forcée sur le nutella ces temps-ci mais pas question pour autant pour moi de sauter au plafond en fêtant l'évènement...il faut maintenant attendre l'écho morphologique, celle sensée me rassurer ...pendant quelque temps au moins. Si je suis une angoissée du gros bidon, cela s'explique par mon histoire personnelle en conception de bébé mais je n'ai pas envie de revenir là-dessus pour le moment...on ne sait jamais ça pourrait me porter malheur )
Si pour le chérubin, il nous semblait naturel de demander le sexe de celui qui détruirait notre vie et notre couple à jamais (eh oh je plaisante les nullipares !), pour le second on s'est cru plus forts que notre curiosité viscérale et on a demandé à l'échographe de ne rien nous dévoiler alors que la traîtresse avait tout vu en douce (y a peut-être des fortiches qui savent décrypter des clichés en noir, blanc et gris mais moi franchement j'ai besoin de sous-titres). Et voilà comment on se retrouve à décrypter les moindres mots prononcés pendant la consultation ou à surfer sur les forums recensant tous les types de croyance populaire en la matière (lune, ventre bas, rond, pointu, rythme cardiaque ou poids du bébé, date de conception...etc...)..pathétique ! L'avantage est que je ne vais pas me ruiner en layette car les modèles mixtes ou neutres ne sont pas légions; je sens que je vais galérer pour trouver une belle tenue de naissance.
Je voudrais maintenant dissiper tout malentendu : non il ne s'agit pas d'un accident, je n'étais ni ivre ni désespérée ce soir-là...c'est vrai qu'il est de bon ton parmi les blogueuses-jeunes mamans de s'apitoyer sur son sort, d'en faire des tonnes sur sa condition de mère et pourtant aujourd'hui je récidive ! Suis-je maso? un peu soit mais je n'ai ni la nostalgie de contractions hyper-douloureuses avant péridurale, ni celles des nuits hachées voire blanches, ni celle encore de cette période post-accouchement où vous vous sentez juste difforme, moche et où le passage en position assise vous arrache des grimaces de douleur. Alors pourquoi? faut croire que la maternité apporte son lot de belles surprises, de grands moments et de petits bonheurs quotidiens même si on s'auto-censure beaucoup histoire de ne pas trop gagater.
Je profite de ce billet pour vous remercier de tous vos messages de félicitations même si à ce stade de l'évolution de la grossesse, je trouve cela un peu précoce. Souvenez-vous le papa met sa petite graine dans la maman...c'est pas vraiment compliqué question travaux pratiques et à priori plutôt agréable, non? Quant au fait que ça marche, on n'en est quand même très peu responsable il me semble. Traîner un énorme ventre pendant un été caniculaire, se taper les trajets en transport en commun debout alors qu'on est à deux doigts de perdre les eaux, se tordre sur son canapé plusieurs heures en comptant l'intervalle entre deux contractions, assister un peu impuissant aux souffrances de son amoureuse et vivre à deux ce moment si extraordinaire qu'il parait irréel..alors là oui ça mérite bien quelques félicitations )
Il parait que la grossesse est la période la plus épanouissante de sa vie. Mouais...j'ai passé le premier trimestre à me sentir nauséeuse et si fatiguée qu'au boulot je suis allée me cacher régulièrement dans les toilettes pour dormir avant de m'effondrer sur mon bureau. C'est vrai que le second trimestre est plus plaisant : à part des jambes championnes de la rétention d'eau, je n'ai pas encore de mal de dos, ni de remontées acides, j'affiche un teint rayonnant et des cheveux super brillants (youpi!) et puis je n'ai pas encore adopté la démarche si gracieuse en canard et je ne meurs pas encore d'envie, en fin de journée, de déposer mon ventre sur ma table de chevet avant de me glisser sous les draps.
Allez assez pour aujourd'hui, la prochaine fois dans la série "En cloque", je vous cause de mes seins...