Un rapide retour sur le Grand-Paris que visiblement la rédaction du Monde a du mal à avaler. Le quotidien de référence réussit tout de même le tour de force de publier dans son édition datée de samedi 9 mai, pas moins de 5 tribunes, dont pas une n’arrive à donner un satisfecit au discours du président urbaniste Nicolas Sarkozy. Certes les critiques de la plupart des intervenants sont pertinentes. Jacques Donzelot a raison de dire qu’il ne suffit pas de désenclaver les banlieues par les transports, si on ne s’occupe pas d’intégrer les habitants des quartiers désenclavés. Stéphane Gatignon, dont je partage les colères et l’opinion, a raison d’en appeler à une révolution politique pour la métropole et de dénoncer les injustices territoriales, Guy Burgel a raison de dire qu’il ne faut pas une fois de plus privilégier l’urbanisation périphérique au détriment de la reconquête de la ville. Thierry Paquot a raison de dire que le Grand-Paris n’a pas encore secrété un quelconque imaginaire (quoique et d’ailleurs l’opposition de ses références parisiennes Villon, Baudelaire, Balzac et Zola, Carné, Truffaut ou Ferré et de ses références banlieusardes « scène d’un film, cadre d’un polar ou d’une BD, ou le refrain d’un rap », montrent qu’il y a du boulot pour faire entrer le Grand-Paris dans l’imaginaire des intellectuels ;-), enfin Frédéric Gilli a raison de souligner que “l’essentiel du discours tient dans les silences sur la gouvernance et dans l’abandon du code de l’urbanisme“. Peut-être Frédéric Gilli considère-t-il finalement comme Paris est sa banlieue que le piège de Sarkozy sur le Grand-Paris est en train de se refermer… Cinq tribunes intéressantes et qui ouvrent bien le débat. Mais dommage de ne pas avoir mis en regard, quelques points de vues plus positifs pour faire encore mieux naître le débat. Mais il faut dire que la lecture de l’affligeante chronique d’Hervé Kempf, « Grand Paris, 4/20 » montre à quel point le quotidien n’est pas objectif dans ses choix. Mais après tout ce sont les siens, et faute de les approuver, respectons sa démarche éditoriale. Et si le Monde trouve que le SDRIF est la réponse à tous les problèmes de la métropole parisienne, pourquoi pas. Ce n’est pas le choix de Paris est sa banlieue… Enfin demain, Paris-Métropole parlera, j’y reviendrai sans doute, un Paris-Métropole dont la date de naissance officielle sera le 30 avril – mesquin et même ridicule – jour de la signature de l’arrêté de création du syndicat mixte d’études par le préfet de la région Ile-de-France, Daniel Canepa. Attendre le lendemain du discours présidentiel, tout un symbole, le piège se referme vraiment…
Au passage à propos de l’Elysée, une petite anecdote. Je souhaitais aller écouter le discours de Nicolas Sarkozy à la Cité de l’Architecture. J’essaie d’abord les nombreux contacts développés avec Paris est sa banlieue depuis quelques années, politiques et médias, urbanistes jusque parmi les 10 équipes d’architectes, pas de précieux sésame. Le service de presse de la Cité de l’Architecture, une fois de plus m’inscrit en tant que « presse » pour l’inauguration le soir à 19h30, mais impossible d’assister au discours dans l’après-midi. Du coup, j’appelle le service de presse de l’Elysée, qui me confirme ce que j’avais appris : les blogueurs ne sont pas accrédités. Du coup, je tente ma chance in extremis auprès de Nicolas Princen, le Monsieur Internet de Nicolas Sarkozy. Coup de téléphone et message sur sa boîte vocale, et en parallèle mail, ouvert dans l’heure, mais à ce jour resté sans réponse. Bref, le blogueur semble être persona non grata auprès des services du Président de la République. Dommage, pour une fois que j’allais écrire du bien de lui ;-)
Jean-Paul Chapon