Mes lectures du printemps se font sous le signe de la mort. Joyeux hein? Après Paul à Québec, la mort hante aussi le dernier Emmanuel Carrère dont je parlerai sous peu mais, chaque chose en son temps, d’abord Paul à Québec.
Soyons honnête, j’ai à peu près zéro objectivité quand vient le temps de parler de l’alter ego de Michel Rabagliati. Depuis Paul en appartement, je dévore chacune de ses aventures et celle-ci ne fait pas exception à la célèbre règle. Pour ceux qui auraient passé le dernier mois sous terre et n’auraient pas lu ou entendu une des nombreuses entrevues et / ou critiques à ce sujet, Paul à Québec (en fait c’est plutôt Paul à St-Nicolas mais ça faisait pas mal moins cute) raconte les derniers mois de Roland, le beau-père de Paul. La récidive de sa maladie, le verdict des médecins, l’accompagnement par ses proches jusqu’à la fin, on suit tout ce cheminement avec amour, respect et même humour, grâce au doigté de Rabagliati qui dévoile en fait ce que lui-même a vécu avec sa belle-famille il y a quelques années.
La force de ce récit tient beaucoup au fait qu’on s’identifie beaucoup à l’entourage de Roland. Faut pas se leurrer, personne n’est immortel. Avec l’âge qui avance, le risque est malheureusement assez élevé qu’on soit un jour ou l’autre confrontés à la maladie et (j’haïs ça écrire ça!) au décès de nos proches. Michel Rabagliati met d’ailleurs son Paul un peu en retrait pour donner plus d’espace à sa blonde Lucie et à ses soeurs, concernées directement par la douleur de voir leur père s’en aller.
Trop en dire serait presque impudique, il est préférable de lire certaines choses que de se les faire raconter. Michel Rabagliati a avoué avoir dessiné cette BD avec la boîte de kleenex à côté de lui, plus d’une personnes qui ont vécu le deuil de leur père m’ont dit avoir pleuré pendant leur lecture, et moi j’ai dû interrompre la mienne à quelques reprises pour ne pas éclater. Même si ce n’est pas le meilleur des Paul, ça reste un incontournable.