On reproche souvent à l’art numérique d’être naïf, littéral et moderniste. En parcourant quelques projets sur Internet je me suis aperçu que si certaines oeuvres relevaient effectivement de cette logique, d’autres étaient plus ironiques et fragiles. Cette modernité critiquée ne relève-t-elle pas finalement de la responsabilité des commissaires de festivals et d’expositions qui filtrent ce qui sera donné au public et ce qui restera invisible? Ne préfèrent-ils pas en général une certaine spectacularité afin de choquer la perception des visiteurs parce que le temps d’un festival, la manière même dont on le fait, dont on le vit (tant du point de vue de l’organisateur que du récepteur) est bref, instantané, énervé, refusant le délai, la frustration, le basculement des sens? D’autre part, l’instabilité des financements des événements numériques qui s’inscrivent plus dans le temps que dans l’espace, n’entraîne-t-elle pas la volonté d’aller au plus facile? L’économie de diffusion des festivals n’est-elle pas la cause de certains partis pris? L’inscription plus lente des arts visuels classiques n’a-t-elle pas quant à elle comme conséquence de privilégier des projets dont le temps d’expérimentation laisse une place à l’indécision et à la complexité?
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