Etude de cas express : Les stagiaires et la crise

Publié le 18 avril 2009 par Julienpouget

**Le contexte - la décision**

Il est donné dans Libération : une unité opérationnelle d'un grand groupe sidérurgique a décidé, en lien avec la crise économique, de diminuer de moitié l'indemnisation de ses 33 stagiaires ingénieurs et de supprimer leur prime de de fin de stage.

Leur rémunération mensuelle passe ainsi de 1000€ à 550€ par mois.

**Les conséquences **

    L'unité opérationnelle a déclenché un buzz négatif puissant qui risque de rejaillir sur l'ensemble du groupe. Une simple recherche Google sur "[nom de l'entreprise + stagiaires]" le prouve : dans les 5 premiers liens, 3 relatent la décision de la direction du site de baisser les indemnités des stagiaires. Un "référencement naturel" problématique pour un groupe qui va être confronté à une pénurie croissante sur ce type de profil.
    L'implication des stagiaires-ingénieurs présents dans l'entreprise va diminuer. En donnant le sentiment que les stagiaires sont une variable d'ajustement, l'entreprise affiche une vision court-terme en matière de ressources humaines. Le corolaire est automatique : les stagiaires auront le plus grand mal à se projeter à long terme dans l'entreprise et chercheront sans doute à se faire embaucher ailleurs.
    Le dialogue social au niveau de l'entreprise s'est tendu. La CFDT vient de publier un communiqué incendiaire sur Le Post. Ceci risque de compliquer la conduite d'autres négociations en cours.

**Que peut-on apprendre de cette situation ?**

  1. Construire et maintenir une image employeur attrayante requiert un effort de tous les instants. Le résultatrepose sur l'action de tous les hommes et toutes les structures d'un groupe. En d'autres termes, chaque maillon de la chaine peut, par sa seule action, améliorer ou nuire à la réputation employeur de l'ensemble du groupe.
  2. Il est nécessaire de responsabiliser les managers sur des objectifs à court terme ET long terme. La notion de coût mérite d'être pensée globalement. Dans notre exemple, le responsable a certes économisé quelques milliers d'euros à court terme mais combien le groupe a t-il perdu en termes d'image ? combien de campagnes de communication RH faudra t-il pour "gommer" cet épisode ? A quel prix ? Combien va coûter la dégradation du climat social sur le plan de la productivité ? Etc.
  3. La réputation numérique d'une entreprise se joue sur la durée. La mémoire de Google est de ce pointe de vue terrifiante : en lançant une simple recherche sur le nom de l'entreprise, on retrouve un article du Figaro datant de 2007 où le responsable de la gestion des cadres du site concerné déclarait

" Notre objectif est de nouer un partenariat fort et suivi avec des écoles susceptibles d'être des viviers de recrutement pour les différentes unités du groupe en France ".

La direction du même site confirmait également dans l'article sa participation à une course croisière étudiante en précisant qu'elle utiliserait la "formule du binôme" dans laquelle, je cite :

" Le bateau de l'entreprise est associé à un bateau d'étudiants, avec un même objectif : faire gagner l'équipe".

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