(Le pape en Jordanie, aux côtés du roi Abdallah. Crédit photo : Reuters)
Depuis les remous provoqués par le fameux discours de Rastibonne, le pape n'était pas vraiment en odeur de sainteté au Moyen-Orient. Mais voilà qu'il s'efforce de recoller les morceaux...
Reçu, ce week-end, en grande pompe, en Jordanie - où il célèbre la messe ce dimanche matin dans un stade d'Amman - il vient de mettre l'accent sur le dialogue intercommunautaire. "Je crois fermement que les chrétiens et les musulmans peuvent se retrouver, notamment par leurs contributions respectives à l'enseignement et au savoir, au service de tous", a ainsi déclaré Benoît XVI.
En 2006, à Rastibonne, il avait laissé entendre, lors d'une déclaration, que la religion musulmane souffrait d'un caractère intrinsèquement violent et irrationnel. Son intervention avait alors déclanché une onde de choc dans le monde arabo-musulman.
Réaction inédite : en octobre 2007, 138 personnalités du monde islamique lui avaient adressé une lettre, dans laquelle elles se prononçaient en faveur du dialogue. Cette lettre était intitulée "A Common Word between Us and You" (Une parole commune entre nous et vous").
La séance de rattrapage du pape, qui a commencé le vendredi 8 mai en Jordanie, doit se poursuivre en Israël et sur les terres palestiniennes.
Mais la mission papale n'est pas gagnée d'avance. Certains Jordaniens lui reprochent déjà d'avoir manqué de respect, lors de sa visite de la mosquée d'Amman, en s'abstinant de prier. D'autres auraient souhaité qu'il présente des excuses concrètes pour ses propos "insultant pour le prophète" d'il y a trois ans.
Les chrétiens de Jordanie se plaignent également des retombées néfastes du discours de Rastibonne. D'après un professeur chrétien interviewé par l'AFP, le pape "aurait dû réparer l'outrage". "En 2006, ses propos nous ont tous affectés. A l'école, 15 familles musulmanes ont menacé de retirer leurs enfants, en raison de l'offense ressentie", a-t-il confié.