Sainte grosseur, rends-moi ma peule d'antan ! par Doyen

Publié le 10 mai 2009 par Bababe

Prise il y a quelques jours seulement, cette photo, certes floue, servira au moins à illustrer cet autre flou entrain de voiler à jamais la vraie silhouette de la femme peule d’antan.

 

Je sais bien que grossir est depuis quelques décennies à la mode mêm chez la citadine peule. Elle rêve de grossir. C’est comme ça  désormais qu’elle se trouve plus belle et séduisante. Et je sais que  c’est son choix. Mais moi, grosseur, je ne veux pas de toi !

 
Il suffit  d'ouvrir les télés locales ou de visionner des vidéos des cérémonie de mariage ou de baptême pour observer que de plus en  plus de citadines peules ont des formes généreuses toute nouvelles qui contrastent avec celles d'antan qu'on nommait  (alla mbandou), sans chair, selon l'expression courante. La plupart sont devenues dodues et corpulentes, et parmi elles, d’autres  qui étaient noires, se sont mises à se blanchir la peau.
 
La femme peule mince par nature est apparemment en train de disparaître. Bientôt, il ne restera plus que l'image de nos mères pour nous rappeler cette authentique femme.


Cette tendance à grossir  fait perdre à la femme peule sa légendaire silhouette au profit de celle uniformisée.

Résultats de mutation incontournable, effet de mode, ou conséquence de désir de mimétisme ? Difficile de trancher.


Au delà des dégâts avérés de santé,  l'autre angoisse est de voir la citadine peule concéder une part de ce qui constituait le propre de la femme peule : sa minceur et son teint naturels.

D’ores et déjà, si l’on n’y prend pas garde, ces caractéristiques de la femme peule vont s’évaporer dans les brouillards de l’uniformité planétaire.

 
Le Doyen

  

*NOUS ETIONS NOMBREUSES A REVER DE GROSSIR par SafiI (Rediffusion)

Cette  photo prise par Cat illustre cette phrase: (Le fait de me retrouver dans un monde où les femmes rêvent de ce que les miens me reprochaient, embauma mon âme.)

On en a bu des comprimés pour grossir ! Mais ce fut en vain. Je voulais grossir juste pour ne plus entendre ces reproches : « Tu es toujours dans cet état ?! Tu es toujours aussi mince ! Effectivement, si tu  hérites de la morphologie de ta mère, il y a peu d'espoir pour que tu grossisses ! «.

Ma seule réponse à ces exclamations rituelles et à ce désespoir des gens de me voir plus avec des os que des muscles, c’était d’ajuster le col de mon boubou jusqu’au menton pour m'y réfugier et masquer mes os là où ils étaient trop apparents.

Je me rappellerai toujours comment un ami  m’avait vexée en repoussant un bol de bouillie au lait de Toddé, ma vache préférée, que je lui offrais gentiment.

Avec son sourire moqueur, il me jeta ces mots à la figure: « En fait, c'est maintenant que je comprends pourquoi tu as des pattes de mante religieuse, c’est à cause de la bouillie ! C’est elle qui t’épluche les jambes « ! « Ko gossi seti koide ma ! » Et cet autre frère nanti, et amoureux de la bonne cuisine, d’enchaîner en tapotant fièrement son gros ventre nouvellement acquis, : « Voilà une preuve que je ne me nourris pas de bouillie, moi ! »

Ce n’est qu'une fois arrivée en France que la gêne pour mes misérables 47 kilos cessa  de me traumatiser ; et je ne fus rassurée que  par ces paroles d’un médecin à qui j’avais confié mon drame et mon désir de grossir :  c’est la première fois que j’entends ça. Ici tout le monde veut maigrir. Et puis je ne vous ferais pas grossir, vous reviendrez un jour me voir pour me demander le contraire. Et ça, ça ce ne sera pas facile ! »

Le fait de me retrouver dans un monde où les femmes rêvent de ce que les miens me reprochaient, embauma mon âme. Je ne redoutais plus les regards moqueurs. Je n’avais plus qu’à patienter et attendre mes kilos sagement. Et bien des années plus tard, ils vinrent naturellement au rendez-vous, ces kilos.

Safi Ba