Le Monde relate une initiative assez inattendue en période de crise, surtout de la part d'un institution qui a fait plutôt les choux gras de la presse dernièrement : je parle ici de l'Eglise catholique, et plus précisément du Vatican, et plus précisément encore, de la Conférence Episcopale Italienne (CEI).
L'Eglise italienne lance le micro-crédit à destination des ménages qui ont le plus de mal à gérer la crise. Notons au passage que, ce faisant, elle s'inscrit totalement à contre-courant vis-à-vis du gouvernement italien et de Monsieur Berlusconi.
La CEI a conclu un accord avec l'Association des banques italiennes (ABI) pour obtenir un taux préférentiel pour le remboursement de ce micro-prêt, dont la somme s'élève à 30 millions €.
On pourra s'interroger, surtout en France où l'on aime voir l'Eglise "à sa place", sur la légitimité et l'opportunité d'une telle démarche. Le Cardinal Bagnasco, président de la CEI, invoque Saint Paul et les premiers temps de l'Eglise, où l'Apôtre organisait le système de dons et de ressources (pas uniquement financière, soit dit en passant) destinés à l'Eglise naissante (du temps où elle était encore une secte, avec ses foyers à Jérusalem, Antioche, Edesse...).
Cette idée n'est pas extraordinaire si l'on se penche sur les relations entre l'Eglise et les autorités italiennes, bien réelles et connaissant de multiples déclinaisons (cf. l'affaire Eluana). Mais elle est assez significative de la manière dont est envisagé le traitement de la crise en Italie par le gouvernement. Une contributrice de Cafebabel compare cette initiative au rôle social de l'Eglise au Moyen-Âge. Elle n'a peut-être pas tort dans le fond, mais comme le faire remarquer le Cardinal Bagnasco "c'est une première". Et pour cause : l'Eglise interdisait formellement la pratique du taux d'interêt - de l'usure - car la théologie disposait que "temps n'appartenait qu'à Dieu".
Peut-être les banques pourraient-elles s'inspirer de l'esprit de ce concept, assez novateur étant donné le caractère de l'institution - et de son dirigeant actuel. Simple, jugé efficace, proche et faisant sens. Mais qu'elles se rassurent : l'Eglise n'a pas pour vocation de faire la concurrence aux banques.
On pourra dire ce que l'on veut de la crise des vocations dans l'Eglise, mais en l'ocurrence l'Eglise surfe sur la crise économique.
Matthieu