«Un terrible virus a contaminé la population du monde. Il a fait son apparition au début de l’été. Quelque mois plus tard, la plupart de la population a été exterminée…»
Oulah… Elle est plus terrible qu’on ne le pensait, la grippe porcine… Et les photos qui circulent sur le net font froid dans le dos…
Ah, on me signale qu’en fait, cette phrase sert d’introduction à Mutants, que les photos sont elles aussi tirées de ce film d’horreur made in France, signé David Morley, et que le virus en question n’est absolument pas le H5N1, mais un microorganisme qui transforme les honnêtes citoyens en zombies cannibales avides de chair humaine. Me voilà rassuré…
Le scénario de ce premier long-métrage est une déclinaison des films de morts-vivants de George Romero ou du diptyque 28 jours plus tard / 28 semaines plus tard de Danny Boyle et Juan Carlos Fresnadillo : Sonia, une infirmière, Marco, son compagnon, et une militaire stressée sont en route pour la base Noé, une enclave perchée en haute montagne et protégée des attaques des mutants qui rodent dans les environs. Là, des scientifiques tentent de mettre au point un remède au fléau qui s’est abattu sur l’humanité.
En chemin, ils tentent de faire le plein à une station service et se font agresser par un mutant. Au cours de l’assaut, la femme-soldat meurt et Marco reçoit une balle dans l’abdomen.
Sonia réussit à le conduire jusqu’à un ancien sanatorium abandonné, et lui prodigue des soins. Elle se rend compte qu’il a été contaminé. Incapable de donner la mort à celui qu’elle aime, elle décide de le soigner du mieux qu’elle le peut, mais prend ainsi le risque de le voir se transformer en une de ces créatures de cauchemar qui sont à leurs trousses.
Son seul espoir : réussir à contacter la base Noé avant la transformation de Marco…
Rien de fondamentalement original, mais la recette a fait ses preuves plus d’une fois, et a encore de beaux restes. David Morley se débrouille plutôt pas mal malgré un budget relativement faible. Avec son image froide, un peu sale, dans l’esprit du film de Danny Boyle, et l’aspect glaçant de ses décors – la station service, le sanatorium, la forêt enneigée qui l’entoure… - il parvient à créer un climat angoissant sans être obligé d’utiliser trop d’effets visuels. Mieux, en articulant le récit autour des seuls Marco et Sonia, il offre au spectateur une histoire d’amour tragique et poignante, qui donne une intensité inhabituelle pour ce genre de film. Il a en plus eu la bonne idée de confier les rôles à Hélène de Fougerolles et Francis Renaud, qui s’avèrent tous deux très convaincants. La situation lui permet également de faire lentement monter le suspense, car Marco étant contaminé, il peut à n’importe quel moment se jeter sur sa compagne, bien vulnérable.
Au terme des quarante-cinq premières minutes, on se dit qu’on va assister à un très bon film de genre français, mature et maîtrisé. Et là, patatras ! D’autres personnages débarquent et ça bascule dans le n’importe quoi. Premier problème – et de taille – les nouveaux venus jouent faux, avec une mention spéciale pour Nicolas Briançon et Justine Bruneau de la Salle, très mauvais… Second problème, tout ce petit monde commence à adopter un comportement aberrant. Plutôt que de se mettre d’accord avec le groupe de mercenaires qui l’a rejointe, Sonia n’hésite pas à traverser la forêt infestée de mutants pour essayer de trouver un radio-émetteur. Elle est certes armée d’un fusil mitrailleur, mais ne sait pas vraiment s’en servir et elle n’est accompagné que d’un seul homme juste équipé d’un sabre… Dans la petite grotte, ils se retrouvent attaquer par des dizaines de créatures. On se demande bien d’où elles sortent. Et quand les mutants attaquent l’hôpital, les mercenaires, censés être des vrais cadors de la lutte anti-zombies (ils ont bien réussit à survivre jusque-là, en environnement hostile) se comportent comme des lavettes…
Tout ça pour ça…
Dès lors, malgré une ou deux séquences bien menées, et une économie d’effets gore plutôt intelligente, le mal est fait. On n’adhère plus vraiment au film et on attend le dénouement, très prévisible.
Mutants est une tentative intéressante de film de genre à la française, bien plus convaincant que le récent et pitoyable Humains – ce n’est pas bien difficile non plus… - et révèle le potentiel d’un cinéaste qui a retenu les leçons des maîtres de l’épouvante et du fantastique et sait créer une ambiance angoissante à moindre coût. Dommage que toute cette énergie soit gâchée par cette seconde partie parfaitement ridicule, qui plombe l’intégralité du film. Espérons qu’il ne s’agisse que d’une erreur de jeunesse et que le cinéaste nous revienne bien vite avec une nouvelle œuvre, peut-être plus personnelle et originale cette fois…
Note :