Pour rendre très naturelles et faciles les choses, laissons à la Vis le soin de cerner le Causse de Blandas. La Vis, c'est cette rivière qui naît dans le Saint Guiral. Si l'on en croit la légende, le Saint Guiral, le Pic Saint Loup et le Roc de Nant furent choisis comme lieux du dernier hermitage par les trois frères d'Esparon amoureux de la belle Irène, la châtelaine de Rogues.
Au sud d'Alzon, la Vis a donc le causse du Larzac à sa droite et celui de Blandas sur son autre rive. Puis à Vissec, alors qu'elle n'est plus qu'un blanc serpent de cailloux tout au fond de son canyon, elle oblique à gauche vers Navacelles avant de remonter vers le Massif du Saint Bresson. C'est alors qu'elle sert de frontière à la Montagne de la Seranne et qu'ayant retrouvé ses eaux, elle scintille au fond de ses sauvages gorges.
A Alzon, la Vis flirte avec d'étroits jardins où le dahlia et la raïolette cohabitent sous quelques vieux pommiers à reinettes. Plus bas, le pont du Saurel la voit toujours sous ses arches et cela depuis le douzième siècle. Au lieu-dit Le Moulin de Larcy, l'eau se perd et continue son cours sous la terre, dans un mystérieux et important réseau de fissures que les savants nomment des diaclases.
C'est auprès d'un autre moulin ruiné, le moulin de la Foux, que la Vis retrouve son cours de surface pour aussitôt rafraîchir le fond vert de l'écrin du cirque de Navacelles. Mais, entre temps, du côté de Vissec, la Virenque est venu la rejoindre. Nées du même massif et tout aussi cachottières depuis Sauclières, ses eaux retrouvent pareillement le soleil au moulin de la Foux. Le sable de son lit asséché recèle des paillettes d'or...
L'homme a élu domicile sur le causse depuis des millénaires et maints vestiges l'attestent. Le nombre de dolmens, menhirs et cromlechs est surprenant sur un site aussi peu étendu. L'ensemble de pierres levées de Peyrarines ou celui de Mercouline, près de la Rigalderie sont là depuis quatre mille ans ou plus... A Rogues, l'oppidum témoigne toujours, tout comme les menhirs de la Trivale ou, plus haut, celui d'Avernat, du côté du Quintanel. Mais avec la sédentarisation, l'agriculture et l'élevage, voilà environ sept millénaires, l'homme a profondément modifié ce pays. La déforestation, l'écobuage, le pâturage intensif ont eu raison de la forêt initiale où le chêne, le frêne et le hêtre se taillaient la part belle auprès de quelques résineux. L'érosion a fait le reste et la flore a vu progresser d'autres espèces.
L'homme n'a pourtant pas délaissé le plateau et s'est agrippé plutôt qu'épaulé à une économie basée sur l'élevage et la production étriquée de quelques légumineuses dans les dolines et autres dépressions relativement généreuses. Cela a duré pratiquement jusqu'au milieu du XXème siècle, tandis que de petits artisanats et industries venaient apporter de supplémentaires subsides : travail du bois de buis, ceuillette de plantes médicinales, travaux de bonneterie à domicile...