L'extrême gauche est-elle la " révolution pour rire ou du moins pour en parler ou au contraire une attitude mentale qui croit réellement au bouleversement profond de la France moderne ? S'agit-il de "prendre la parole avant de prendre les bastilles modernes ?". Comment est-il possible de s'engager et de faire confiance dans des doctrines aussi opposées aux considérations techniques difficilement contournables des contraintes modernes ? Toutes ces questions de bon sens ne font pas obstacle à la vitalité de l'extrême gauche dans notre pays.
Comment expliquer ce décalage ?
La poussée de l'extrême gauche relève d'une conjonction de facteurs.
Tout d'abord, c'est l'expression d'une émotion populaire pour partie déconnectée d'une réelle volonté politique mais chargée d'un message immédiat de ras le bol face à la dégradation de la vie quotidienne. Cette saturation face à une quotidienneté trop difficile est le premier creuset de l'extrême gauche.
Ensuite, c'est la volonté de briser des enchaînements. Le regain de l'extrême gauche apparaît quand la société donne le sentiment d'être assujettie à des évolutions mécaniques.
Enfin, c'est toujours un appel à la survie, au besoin d'une meilleure reconnaissance de soi.
Ces considérations montrent que la poussée de l'extrême gauche a une signification collective qui va bien au-delà de l'adhésion à une doctrine politique.
Le "grand nombre" ne connaît cette doctrine politique et par conséquent son vote ne peut pas être analysé comme une forme d'adhésion.
Il s'agit plutôt d'un cri pour le changement que d'un appel à la révolution qui n'est positivement intervenur nulle part et donc ne peut être exportée.
C'est ce constat qui donne dans notre pays à l'extrême gauche un caractère bon enfant car chacun sait qu'il n'y a pas de modèle et que donc les intéressés sont exclusivement l'expression d'une "haine de l'instant".
Cette haine existe. Les responsables d'extrême gauche figurent même parfois parmi les incendiaires des situations détestées. Mais leur posture est perçue comme utile pour faire " bouger les lignes ".
C'est cette recherche de l'utile dans l'inutile qui fait de l'extrême gauche en France sa force et son originalité.