Paru le 2009-05-09 11:52:00
France - Des chercheurs de l'Institut Pasteur viennent de montrer que les nouveaux neurones naissant dans le cerveau adulte présentent, au début de leur vie, une hyperréactivité, propriété qu'ils perdent en quelques semaines pour finalement ressembler à tous les autres neurones.
L'équipe de Pierre-Marie Lledo vient de mettre en évidence une propriété inattendue des nouveaux neurones qui naissent dans le cerveau adulte : pendant les douze premières semaines de leur vie, période cruciale pour leur intégration dans les circuits nerveux, ces jeunes cellules sont particulièrement réactives aux excitations et présentent des capacités d'apprentissage accrues. Cette hypersensibilité disparaît ensuite, et les nouvelles cellules nerveuses, n'apportant plus aucune fonction particulière, retrouvent des propriétés similaires à celles des autres cellules.
Les scientifiques ont par ailleurs montré que deux semaines après leur formation, seules 50 % de ces nouvelles cellules réussissent leur intégration dans les circuits neuronaux, condition indispensable à leur survie. Ainsi, seuls certains néo-neurones parviendraient à établir de nouvelles connexions. L'élimination des autres permettrait alors un renouvellement constant et progressif des cellules nerveuses au sein du bulbe olfactif. Considérée auparavant comme un véritable gaspillage, cette production permanente de neurones a maintenant un rôle évident : faire place aux jeunes cellules.
La découverte, si elle se vérifiait pour d'autres structures cérébrales, permettrait de comprendre les difficultés rencontrées aujourd'hui lors de tentatives de greffes pour le traitement des maladies neurodégénératives. Dans les années 1990, des greffes chez des patients atteints de la maladie de Parkinson n'avaient permis d'aboutir qu'à une récupération temporaire des facultés motrices. Si les nouveaux neurones ne montrent des propriétés importantes que durant quelques semaines, tenter de récupérer certaines fonctions cérébrales à l'aide d'un unique apport cellulaire resterait alors illusoire. Mieux vaudrait donc chercher à stimuler les capacités naturelles du cerveau à produire des neurones de façon continue.