Albert le toubab ~ Yaël Hassan

Publié le 09 mai 2009 par Clarabel

Premières phrases :

Un oeil rivé à l'écran, l'autre sur le ciel rougeoyant, son chat Hector sur les genoux, Albert tempêtait :
- Regarde-les, ces petits crétins ! Ah ! c'est intelligent de brûler les voitures de ses voisins ! Voilà qui va arranger les choses, tiens !
Il se leva brusquement.
- Mais ce n'est pas possible ! Tu n'as pas fini de me péter dans la tronche ? Me manquait plus que ça : un chat pétomane !
Hector, mécontent, poussa un miaulement strident.
" Si tu n'étais pas aussi radin, pensa l'animal, tu m'emmènerais chez le vétérinaire ! "
Albert se dirigea vers la fenêtre, l'ouvrit et se mit à battre l'air de sa large main pour évacuer l'odeur.

Depuis la mort de sa femme, Albert ne sort plus de chez lui et ne supporte plus le quartier où il habite. Un jour, une femme de la cité se présente à sa porte, à la demande de la regrettée disparue, car elle était persuadée qu'Albert seul n'aurait jamais pu gérer le ménage et les courses. Un an après, Zaïna a pris l'habitude de venir chez Albert qui l'ignore superbement. Mais la jeune femme fait un malaise chez lui et est hospitalisée en urgence. Arrive alors un boulet de canon de neuf ans, des papillottes sur la tête et la langue bien pendue. Mémouna est la petite fille de Zaïna, qu'elle élève toute seule, depuis que le père s'est fait la malle dix ans auparavant, mais le bougre tente des coups de force en cherchant à s'inscruster dans l'appartement de son ex et d'enlever la fillette pour l'expédier au Sénégal, son pays d'origine. Il faut donc être très vigilant, ne pas baisser sa garde et protéger l'enfant à tout bout de champ. La fillette et l'ours mal léché vont entamer une cohabitation forcée, explosive mais réjouissante. Les échanges ne manquent pas d'envergure, les deux personnages en deviendraient presque épuisants à suivre.
C'est un roman destiné à un lectorat junior (dès 10 ans), agréable à lire, drôle et intelligent. Il montre aussi qu'il faut combler le fossé générationnel et culturel, en échappant aux bananaries d'usage (le langage de Mémouna déteint sur le lecteur !). Pour y rémedier, l'auteur n'a nullement recours à un discours pompeux ou moralisateur, et ça passe comme une lettre à la poste !

« Un héritage commun qui doit servir à comprendre et construire, et non pas à ignorer et punir. »
Voilà qui résume tout.

Casterman junior, 2008 - 130 pages - 7,75€

a été lu par Gaëlle