par Didier Testot.
Depuis plusieurs années le rendez-vous annuel avec Warren Buffet sonnait comme un plaisant rendez-vous avec la croissance des profits. Ce n'est plus le cas depuis la crise financière qui n'a pas épargné l'homme le plus riche du Monde, que l'on surnomme parfois "l'oracle d'Omaha", siège social de sa société Berkshire Hathaway Inc. Fidèle à son image, sur son site web très sobre on peut y lire ce message : "From Warren E. Buffett, CEO of Berkshire Hathaway Inc : "Dear Reader, you probably know that I don't make stock recommendations. However, I have three thoughts regarding your personal expenditures that can save you real money. I'm suggesting that you call on the services of three subsidiaries of Berkshire: GEICO, Borsheim's and Berkshire Hathaway Life Insurance Company of Nebraska (BHLN)." Il ne donne pas de conseils boursier mais en sage avisé il recommande ses propres sociétés. Un bon début pour qui veut faire fructifier son capital, le valoriser auprès d'autres investisseurs potentiels.
Cette année donc, Warren Buffet a donné deux messages principaux d'après la presse américaine : La crise se termine parce que le système financier est en train de se stabiliser, et M. Buffet applaudit au passage l'intervention musclée du gouvernement américain, avec une réserve sur les « stress tests » que passent les banques américaines, diagnostic de leur solidité financière, et qui d'après les derniers en date ont rassuré les marchés financiers, avec une évaluation au niveau de 74,6 milliards de dollars de besoins en capitaux pour dix établissements.
Morgan Stanley et Wells Fargo ont déjà réagi et pris leur disposition pour mettre en vente plus de 15,5 milliards de dollars d'actions et d'obligations à des prix "canons". Pour Bank of America , la banque a l'intention de mettre en vente 1,25 milliard d'actions à 8,79 dollars au maximum, soit un total avoisinant 11 milliards. Avec un emprunt obligataire de trois milliards de dollars à cinq ans et des cessions actifs...
Warren Buffet vient de dévoiler quelques jours après son Assemblée générale les résultats du premier trimestre. Même si les investisseurs pouvaient s'attendre à un repli, Buffet n'est pas à la tête de Martingale Inc., insensible à l'évolution de l'économie, la perte nette de 1,5 milliard de dollars au premier trimestre, sonne comme une mauvaise surprise.
Le conglomérat a enregistré un bénéfice opérationnel de 1,7 milliards, mais il a dû déprécier lourdement des investissements, à hauteur de plus de 2 milliards de dollars. Berkshire a aussi perdu 986 millions de dollars avec des produits dérivés et 241 millions de dollars en cédant à perte certains investissements. L'an dernier, à la même époque, son groupe avait dégagé un bénéfice net de 940 millions de dollars.
Pour "l'oracle d'Omaha", certes il faut s'intéresser d'abord à la valeur nette comptable par action, sa boussole, et au premier trimestre elle se replie de 6,1% après -9,6% pour l'ensemble de l'année 2008.
En février dernier lors de la présentation des comptes 2008, Warren Buffet avait regretté "quelques bêtises", en particulier son achat de 7 milliards de dollars d'actions ConocoPhillips au moment où les prix de l'énergie étaient proches de leur pic.
Pouvoir se permettre une erreur à 7 milliards de dollars, sans mettre en péril sa société, c'est quand même mieux que le désastre qui a été provoqué par certains investissements hasardeux pour certains acteurs français, et qu'on aura l'amabilité de ne pas citer ici mais qui ont fait l'actualité financière des derniers mois...
N'est pas oracle qui veut !
A ce propos d'ailleurs allez voir ce portrait inédit de Warren Buffet sur www.labourseetlavie.com par le Professeur Bamoko et Jean Salustre philosophe dans la rubrique Economie et Humour. Rafraîchissant.