Après deux semaines de surmédiatisation intensive, après la contamination de 2000 individus à travers le monde, l'heure semble à l'apaisement général. Pourtant, nos politiciens et notre population auraient torts de croire que le plus dur de cette crise sanitaire est passé. En effet, le foyer originel du virus H1N1 a été retrouvé dans une méga-porcherie de Veracruz au Mexique et pourrait favoriser l'apparition de nouveaux virus aussi dangereux que celui de la grippe porcine.
Ce sont les quotidiens The Independant (Royaume-Uni) et le Chicago Tribune (Etats-Unis) qui révélent l'affaire. En effet, depuis de nombreuses années, de multiples fermes-usines se sont implantées au Mexique afin de contenter la demande croissante des consommateurs en viande porcine. Des milliers de porcs y sont entassés dans des entrepôts à l'hygiène déplorable et se font administrer un cocktail de médicaments, ce qui entraîne des problèmes sanitaires à plusieurs niveaux.
Dans la plupart de ces porcheries industrielles, 6 000 porcs sont entassés museau contre museau dans des cages étroites où ils peuvent à peine bouger, et sont nourris en permanence d'une espèce de bouillie artificielle, vivant au dessus de leurs propres immondices. Au lieu de n'avoir que 20 porcs dans lesquels se développer, le virus en a maintenant des milliers, qui sans arrêt s'infectent et se réinfectent les uns les autres. Il peut se combiner et se recombiner. L'ammoniac du lisier au dessus duquel ils vivent brûle les voies respiratoires des porcs, rendant ainsi plus facile l'accès des virus. Autant dire que le système immunitaire de ces porcs est en chute libre. Ils sont stressés, déprimés et en panique permanente, et sont bien plus aisément victime de l'infection. Il n'y a ni air frais, ni lumière du jour pour renforcer leur défenses naturelles. Ils vivent dans un air chargé de virus, et ils y sont exposés chaque fois qu'ils respirent.
Le responsable de cette catastrophe sanitaire et animale a déjà un nom: il s'agit de l'entreprise américaine Smithfield Corporation, la plus grosse compagnie d'élevage porcin au monde. La ferme responsable de la probable prochaine pandémie mondiale appartient à cette compagnie. Pour le moment, Smithfield Corporation se retranche derrière le refus de la part de la FAO et de l'OMS d'enquêter sur les conditions d'hygiène des élevages porcins des grosses entreprises agroalimentaires mondiales. Celles-ci paient de gros montants d'argent pour subventionner des recherches affirmant que la bio-sécurité est assurée dans leurs grandes productions agricoles. Pourtant, les études abondent sur les conditions horribles que les porcs subissent dans ces méga-porcheries et sur l'impact dévastateur de ces fermes sur l'économie locale des petites communautés agricoles. Coïncidence ou pas, Smithfield a dû dernièrement payer une amende de 12,6 millions de dollar et est actuellement en procès aux États-Unis pour des dommages environnementaux crées par des lacs de lisier porcin toxiques.
Après ces révélations, difficile de ne pas paniquer en sachant que le vaccin contre le virus H1N1 ne sera disponible en France que d'ici cet anutomne. Mais en Europe (et plus particulièrement en France), croire que les problèmes mondiaux s'arrêtent juste à l'entrée de nos frontières est une longue tradition qui perdura aussi longtemps que l'Etat priviligiera l'économie au détriment de la santé publique de chaque individu.
Neo Anderson.