Lundi 27 a eu lieu ma dernière consultation avec A. Dernière rencontre avant mon départ pour Marseille où je dois encore
patienter une semaine en solitaire. Mais au moins n'aurons-nous pas deux heures trente de voiture à faire si "la p'tite princesse" décide de venir au monde plus tôt que prévu.
A. m'a prévenu, une séance de préparation à l'accouchement est prévu après notre rendez-vous individuel, et nous devons aborder la péridurale. Cela tombe relativement bien puisque nous nous posons
encore la question de l'accepter ou pas... À l'hôpital Nord, elle m'est imposée si je veux accoucher par voie basse; à la clinique de Vitrolles personne ne semble l'exiger mais tous seraient plus
détendus si je l'acceptais.
Pour nous parler de la péridurale et de ses méfaits, nous avons droit a une intervenante, ostéopathe de profession. Comme nous, il fut un temps ou elle venait "s'entasser" en compagnie de
nombreuses autres femmes dans le petit bureau d'A. Depuis elle a eu deux enfants. À l'aune de son expérience personnelle, elle aime maintenant à traiter les pathologies liées à la grossesse et à
l'accouchement. Nous apprenons durant son intervention que les dégâts sont considérables quelle que soit la méthode d'anesthésie locale utilisée. Que ce soit une rachi-anesthésie (en cas de
césarienne) ou une péridurale, les lésions mécaniques sont indéniables pour la mère et peuvent faire surface des années après l'intervention. Par ailleurs, cette jeune femme est très claire sur le
fait que le produit s'élimine en passant dans le lait. Les conséquences ne sont donc pas que mécaniques et pour la mère, l'enfant trinque aussi !
Mais au-delà de ces inconvénients (doux euphémisme...) physiques à plus ou moins long terme, il y a le principe-même de l'anesthésie qui consiste à être déconnectée en partie du moment de
l'accouchement et de son intensité. Pour l'ostéopathe qui s'adresse à nous aujourd'hui, il est au contraire primordial d'être lucide pour accueillir son enfant. « Dans notre société, le
confort est la règle. Nous avons perdu tous nos rituels. L'accouchement reste le seul moment de votre vie où vous pouvez aller au bout du bout du bout de vous-même. » Pour elle, dans
l'hypothèse où tout va bien, la péridurale est donc à oublier. Et la rachi-anesthésie est à utiliser uniquement en cas de césarienne, puisqu'elle permet tout de même à la mère de "vivre" la
naissance de son enfant.
Durant toute son intervention, elle semble tiraillé entre son souci de n'imposer à personne sa vision des choses et son désir de faire partager ce qu'elle a constaté sur les corps de ses patientes.
Mais lorsqu'elle est lancée, la seconde préoccupation l'emporte sur la première, aboutissant à des sentences aussi radicales que « la péridurale, c'est une belle merde ! »
Suite à ses explications, plus question pour moi d'accepter la péridurale; il faut donc que l'accouchement se déroule à Vitrolles. Une chose me rassure : si je dois tout de même être contrainte à
cette anesthésie, les séances d'ostéopathie permettrons de limiter les dégâts autant pour moi que pour le bébé, en drainant rapidement le produit hors de mon corps.
Si avant la séance, j'étais contente à l'idée de me retrouver parmi toutes ces futures mamans que je n'avais pas vues depuis trois semaines, au moment de nous mettre au travail je m'inquiétais un
peu. Je craignais d'avoir du mal à retrouver les sensations, les visualisations. C'est toujours très simple à la maison, loin du regard des autres; mais là, en communauté, serrées les unes contre
les autres... Le seul point noir de la séance réside finalement dans mon incapacité à trouver une position durablement confortable. Parmi les 12 kilos qui sont venus arrondir mes formes ces
derniers mois, quelques uns auraient pourtant pu faire office de coussins !
Au cours de la séance, en regardant et en écoutant les unes et les autres, je me sens sure de moi. Je me dis que ça y est, que je suis fin prête. Je me sens ACCOMPLIE.
En quittant A., nous avons droit à la bise - c'est une première ! - et aux dernières recommandations pour la route. Tout peut aller très vite, nous ne devons pas hésiter à nous rendre à la clinique
dès les premiers signes, et nous ne devons prendre le temps de nous câliner qu'une fois arrivés à destination. Nous ne devons surtout pas hésiter à l'appeler si besoin est, ni oublier la
présentation des bébés du mois de mai.
Comme moi, elle sait que tout va bien se passer. Je n'ai qu'un seul regret : qu'elle ne soit pas à mes cotés le jour J.