Palestine : la plus importante accélération de la colonisation depuis 2003 en Cisjordanie

Publié le 08 mai 2009 par Petiterepublique

La construction d’implantations en Cisjordanie s’est accélérée depuis plusieurs mois, mettant Israël en porte à faux vis-à-vis d’une administration américaine devenue très hostile à une telle expansion. Une nouvelle implantation, de nouvelles routes ainsi que d’autres projets immobiliers ont été lancés dans ou autour de localités existantes, souvent sans permis de construire, constituant la plus vaste campagne de construction depuis 2003 selon Dror Etkès du groupe d’avocats israélien Yesh Din (« Il y a une Loi »), une association surveillant de près la colonisation en Cisjordanie.

L’accélération de la colonisation depuis l’arrivée de Benyamin Netanyahou au pouvoir sera à coup sûr l’un des enjeux majeurs de la rencontre entre Barack Obama et le nouveau Premier Ministre israélien, prévue pour la mi-mai. Le Vice-président américain Joe Biden a appelé mardi dernier Israël à cesser de construire dans les territoires et à démanteler les implantations illégales. Mais les associations de gauche surveillants l’évolution de la situation en Cisjordanie confirme que, loin de ralentir, la construction s’est au contraire accélérée.

A titre d’exemples :

- Des constructions isolées entre Talmon et Nahliel, à l’ouest de Ramallah, une maison de pierre et un autre bâtiment construits sans permis à coté du vignoble de colons installé il y a un an et demi. L’administration civile des territoires (relevant de Tsahal) a récemment donné l’ordre de mettre un terme à ce projet.
- Des constructions non autorisés ont également été lancées à Mitzpeh Ahiya et Adeid-Ad, au nord de Ramallah. Un mobile-home a été amené dans une implantation près de Susia, au sud d’Hébron. Un autre avant-poste qui avait été évacué vient d’être réoccupé.
- La construction au-delà de la barrière de sécurité : de nouvelles maisons ont été construites dans les colonies d’Eli, Rechelim, Ma’aleh Michmash et Kochav Hashabar (au nord et à l’est de Ramallah). De plus, un nouveau quartier a été construit à Na’ale, de même que dix nouvelles maisons à Halamish et d’autres encore à Talmon.
- La construction à l’ouest de la barrière : des travaux préparatoires ont commencé pour de nouveaux bâtiments dans la colonie de Kedar, et trente maisons viennent d’être construites à Ma’aleh Shomron. Ainsi que de nouveaux quartiers dans les colonies d’Elkana et Zofim.
- Des constructions de routes et de fermes près de Bracha au sud de Naplouse, près de Tapuach, dans la zone d’Eli et de Shiloh, et à Amona et Elazar.

Une telle accélération de la construction découle principalement d’une plus faible emprise sur les événements en Cisjordanie aux dernières heures du gouvernement Olmert, tandis que la coalition de droite de Netanyahou, dont une partie soutient fermement la colonisation, ne s’est pas encore penchée sur le problème.

Les colons tirent aussi avantage de la focalisation des médias et de l’opinion publique sur la bande de Gaza lors de l’offensive de Tsahal en janvier pour poursuivre l’expansion des colonies. Israël est officiellement tenu par la promesse faite par Ariel Sharon à l’administration Bush d’évacuer toute les implantations illégales construites après mars 2001. Mais les évacuations sont rares et menées sans grande fermeté. Le ministre de la défense Ehoud Barak a pourtant récemment conclu un accord avec le mouvement des colons pour évacuer la plus grande des implantations illégales, Migron, et réinstaller sa population dans la colonie toute proche d’Adam. Mais l’accord n’a pas encore été appliqué. Le rapport Mitchell (mai 2001) et la Feuille de route appelait Israël à cesser la construction de colonies, y compris celles relevant de la «croissance naturelle » des implantations. Mais Israël n’a en fait jamais cessé ce type de colonisation.

L’accord tacite du gouvernement Sharon avec l’administration Bush était le suivant : limiter les implantations au-delà de la barrière de sécurité. Israël a tenu cette promesse jusqu’à très récemment…dans la mesure où les constructions au-delà de la barrière de sécurité sont faites sans autorisation légales. Selon

Dror Etkès, la considérable progression de la colonisation à l’est de la barrière, essentiellement faite sans permis de construire, a toujours existé, les autorités n’ayant jamais tenté de l’empêcher, même dans des cas particulièrement flagrant d’illégalité. Le ministère de la Défense affirme qu’Ehoud Barak est favorable à l’évacuation des implantations illégales, non pas du fait de la promesse faite à l’administration américaine, mais au nom du respect de l’Etat de droit. Selon un porte-parole, « chaque nouvelle colonie illégale a été démantelée, notre ministère ne perçoit pas d’accélération de la colonisation illégale ».

Article d’Amos Harel pour le journal Haaretz, traduction Yoël Amar pour La Paix Maintenant.