La capacité nucléaire israélienne était jusqu'à présent quelque chose que l'on n'évoquait pas à Washington pour ne pas donner des arguments à ceux qui en Iran et dans le monde arabe exigent que la question nucléaire soit abordée sur un pied d'égalité absolue dans la région.
Cela a changé cette semaine. "Une adhésion universelle au TNP - y compris par l'Inde, Israël, le Pakistan et la Corée du Nord - demeure un objectif fondamental des Etats-Unis", a déclaré mardi Rose Gottemoeller, déléguée de l'Administration Obama à une session préparatoire pour la conférence mondiale sur le Traité de Non Prolifération nucléaire qui se tiendra en mai 2010 à New York.
Cette petite phrase se veut anodine mais elle peut augurer d'un changement majeur dans les relations entre les Etats-Unis et Israël. La référence à la bombe israélienne constitue peut-être le principal levier dont va user Obama pour faire plier le gouvernement de Netanyahu qui persiste à refuser la création d'un Etat palestinien, allant ainsi à l'encontre de toute la communauté internationale.
En Israël, l'inquiétude est grande. Aux Etats-Unis, un article fort documenté, publié hier par le Washington Times (journal proche des milieux néoconservateurs), se fait l'écho de l'inquiétude suscitée par la menace d'un changement de position de l'administration Obama.
Selon cet article, un accord secret conclu entre Richard Nixon et Golda Meir en 1969 engage les deux pays à ne jamais rconnaître publiquement la détention par Israël de l'arme nucléaire.
"Les Israéliens redoutent, à juste titre, qu'Obama veuille faire quelque chose avec l'Iran et que cela puisse concerner une nouvelle approche du programme israélien", affirme dans l'article du Washington Times Henry Sokolski, directeur d'un institut sur la non prolifération nucléaire à Washington.
En 2000, lorsque Bill Clinton avait lancé l'idée d'un traité interdisant la production de matières fissiles pour la production d'armements, idée reprise par Obama, Netanyahu s'y serait fermement opposé.
Le débat lancé cette semaine à Washington ne manquera pas d'alimenter la rencontre qu'auront Barack Obama et Benyamin Netanyahu le 18 mai à la Maison Blanche.
Source du texte : Pierre ROUSSELIN