LE CHAPELET EST LA PRIERE PAR EXCELLENCE A LA SAINTE VIERGE
REVENIR AU ROSAIRE
Comme je le notais dans l’article précédent, la récitation du Chapelet, du Saint Rosaire, n’est
plus, chez les jeunes qui ne le connaissent, chez les adultes qui, pour beaucoup l’ont oublié, et ne savent plus le réciter.
Notre Saint-Père, le Pape Benoît XVI, après le Pape Jean Paul II, et tous les Papes avant eux, insistent sur la nécessité pour chacun de RECITER LE CHAPELET CHAQUE JOUR, en
famille chaque fois que cela est possible, comme nous le faisions spontanément et avec ferveur, il y a 60 ans, et comme l’ont fait toutes les générations de nos ancêtres auparavant.
Mais, pour retourner à la récitation du Chapelet, il est nécessaire d’en comprendre le véritable sens. Aussi, en ce mois dédié à la Sainte Vierge, le « Mois de Marie », appelée
« gratia plena » « pleine de grâce » par l’Archange Gabriel, il est opportun de relire la Lettre Apostolique du Pape Jean Paul II, « Rosarium Virginis Mariae », dont voici quelques extraits :
« ROSARIUM VIRGINIS MARIAE »
« Le Rosaire de la Vierge Marie, qui s'est développé progressivement au cours du deuxième millénaire sous l'inspiration de l'Esprit de Dieu, est une prière aimée de nombreux
saints et encouragée par le Magistère (1).
« Tout en ayant une caractéristique mariale, le Rosaire est une prière dont le centre est christologique. Dans la sobriété de ses éléments, il concentre en lui la profondeur de
tout le message évangélique, dont il est presque un résumé.
« La raison la plus importante de redécouvrir avec force la pratique du Rosaire est le fait que ce dernier constitue un moyen très valable pour favoriser chez les fidèles
l'engagement de contemplation du mystère chrétien (5).
Il serait impossible de citer la nuée innombrable de saints qui ont trouvé dans le Rosaire une authentique voie de sanctification (8).
« La contemplation du Christ trouve en Marie son modèle indépassable. (...) Personne ne s'est adonné à la contemplation du visage du Christ avec autant d'assiduité que
Marie (10).
« Marie vit en gardant les yeux fixés sur le Christ, et chacune de ses paroles devient pour elle un trésor: « Elle retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur »
(Lc 2, 19; cf. 2, 51). Les souvenirs de Jésus, imprimés dans son esprit, l'ont accompagnée en toute circonstance, l'amenant à parcourir à nouveau, en pensée, les différents moments de sa vie aux
côtés de son Fils ... Marie propose sans cesse aux croyants les “mystères” de son Fils, avec le désir qu'ils soient contemplés, afin qu'ils puissent libérer toute leur force salvifique.
Lorsqu'elle récite le Rosaire, la communauté chrétienne se met en syntonie avec le souvenir et avec le regard de Marie (11).
« C'est précisément à partir de l'expérience de Marie que le Rosaire est une prière nettement contemplative. Privé de cette dimension, il en serait dénaturé, comme le
soulignait Paul VI : « Sans la contemplation, le Rosaire est un corps sans âme, et sa récitation court le danger de devenir une répétition mécanique de formules et d'agir à l'encontre de
l'avertissement de Jésus: “Quand vous priez, ne rabâchez pas comme les païens; ils s'imaginent qu'en parlant beaucoup, ils se feront mieux écouter” (Mt 6, 7). Par nature, la récitation du Rosaire
exige que le rythme soit calme et que l'on prenne son temps, afin que la personne qui s'y livre puisse mieux méditer les mystères de la vie du Seigneur, vus à travers le cœur de Celle qui fut la
plus proche du Seigneur, et qu'ainsi s'en dégagent les insondables richesses » (12) ».
« ROSARIUM VIRGINIS MARIAE » (numéros 32-34)
Le « Notre Père »
32. Après l'écoute de la Parole et la focalisation sur le mystère, il est naturel que l'esprit s'élève vers le Père. En chacun de ses mystères, Jésus nous conduit toujours au
Père, auquel il s'adresse continuellement, parce qu'il repose en son “sein” (cf. Jn1,18). Il veut nous introduire dans l'intimité du Père, pour que nous disions comme Lui: « Abba, Père » (Rm
8,15; Ga 4,6). C'est en rapport avec le Père qu'il fait de nous ses frères et qu'il nous fait frères les uns des autres, en nous communiquant l'Esprit qui est tout à la fois son Esprit et
l'Esprit du Père.
Le « Notre Père », placé pratiquement comme au fondement de la méditation christologique et mariale qui se développe à travers la répétition de l'Ave Maria, fait de la
méditation du mystère, même accomplie dans la solitude, une expérience ecclésiale.
Les dix « Ave Maria »
33. C'est tout à la fois l'élément le plus consistant du Rosaire et celui qui en fait une prière mariale par excellence. Mais précisément à la lumière d'une bonne compréhension
de l'Ave Maria, on perçoit avec clarté que le caractère marial, non seulement ne s'oppose pas au caractère christologique, mais au contraire le souligne et le met en relief. En effet, la première
partie de l'Ave Maria, tirée des paroles adressées à Marie par l'Ange Gabriel et par sainte Élisabeth, est une contemplation d'adoration du mystère qui s'accomplit dans la Vierge de Nazareth. Ces
paroles expriment, pour ainsi dire, l'admiration du ciel et de la terre, et font, en un sens, affleurer l'émerveillement de Dieu contemplant son chef d'œuvre – l'incarnation du Fils dans le sein
virginal de Marie –, dans la ligne du regard joyeux de la Genèse (cf. Gn1,31), de l'originel « pathos avec lequel Dieu, à l'aube de la création, a regardé l'œuvre de ses mains ».36 Dans le
Rosaire, le caractère répétitif de l'Ave Marie nous fait participer à l'enchantement de Dieu: c'est la jubilation, l'étonnement, la reconnaissance du plus grand miracle de l'histoire. Il s'agit
de l'accomplissement de la prophétie de Marie: « Désormais tous les âges me diront bienheureuse » (Lc1,48).
Le centre de gravité de l'Ave Maria, qui est presque comme une charnière entre la première et la seconde partie, est le nom de Jésus. Parfois, lors d'une récitation faite trop
à la hâte, ce centre de gravité disparaît, et avec lui le lien au mystère du Christ qu'on est en train de contempler. Mais c'est justement par l'accent qu'on donne au nom de Jésus et à son
mystère que l'on distingue une récitation du Rosaire significative et fructueuse. Dans l'exhortation apostolique Marialis cultus, Paul VI rappelait déjà l'usage pratiqué dans certaines régions de
donner du relief au nom du Christ, en ajoutant une clausule évocatrice du mystère que l'on est en train de méditer.37 C'est une pratique louable, spécialement dans la récitation publique. Elle
exprime avec force la foi christologique appliquée à divers moments de la vie du Rédempteur. Il s'agit d'une profession de foi et, en même temps, d'une aide pour demeurer vigilant dans la
méditation, qui permet de vivre la fonction d'assimilation, inhérente à la répétition de l'Ave Maria, en regard du mystère du Christ. Répéter le nom de Jésus – l'unique nom par lequel il nous est
donné d'espérer le salut (cf. Ac 4,12) –, étroitement lié à celui de sa Très Sainte Mère, et en la laissant presque elle-même nous le suggérer, constitue un chemin d'assimilation, qui vise à nous
faire entrer toujours plus profondément dans la vie du Christ.
C'est de la relation très spécifique avec le Christ, qui fait de Marie la Mère de Dieu, la Theotòkos, que découle ensuite la force de la supplication avec laquelle nous nous
adressons à elle dans la seconde partie de la prière, confiant notre vie et l'heure de notre mort à sa maternelle intercession.
Le « Gloria »
34. La doxologie trinitaire est le point d'arrivée de la contemplation chrétienne. Le Christ est en effet le chemin qui conduit au Père dans l'Esprit. Si nous parcourons en
profondeur ce chemin, nous nous retrouvons sans cesse devant le mystère des trois Personnes divines à louer, à adorer et à remercier. Il est important que le Gloria, sommet de la contemplation,
soit bien mis en relief dans le Rosaire. Lors de la récitation publique, il pourrait être chanté, pour mettre en évidence de manière opportune cette perspective qui structure et qualifie toute
prière chrétienne.
Dans la mesure où la méditation du mystère a été attentive, profonde, ravivée – d'Ave en Ave – par l'amour pour le Christ et pour Marie, la glorification trinitaire après
chaque dizaine, loin de se réduire à une rapide conclusion, acquiert une juste tonalité contemplative, comme pour élever l'esprit jusqu'au Paradis et nous faire revivre, d'une certaine manière,
l'expérience du Thabor, anticipation de la contemplation future: « Il est heureux que nous soyons ici ! » (Lc9,33).
(à suivre).