C'est en 1990 que paraît, dans le JAMA, le prestigieux Journal of the American Medical Association, un article étrange, s'appuyant sur l'état des dernières recherches en matière de neuroanatomie. L'auteur, F.L. Meshberger, y suggère que, dans la "Création d'Adam", Michel-Ange représente Dieu sur un fond qui ressemble à s'y méprendre à une coupe de cerveau humain. Tout y est : thalamus et hypothalamus, cervelet et bulbe. Voilà qui fait écho au commentaire que fait Léo Strauss, à propos de Machiavel : "Contraint de masquer la véritable ampleur de sa découverte, il doit mettre en place une stratégie d'écriture qui doit être débusquée." Cette stratégie, c'est "l'art d'écrire" qui invite à lire entre les lignes pour percer les intentions cachées. Et voilà qui, cette fois, fait écho au Talmud et à toute la tradition juive d'interprétation du Texte. La pensée n'est d'ailleurs sans doute que cela : une interprétation infinie de la réalité, ou plutôt de ce qui nous est donné à voir, à lire, à comprendre. Ce qui suppose une infinité de sens et, pour chaque lecture, une rencontre singulière entre l'oeuvre et celui ou celle qui l'interpréte. Toute oeuvre, au fond, se révèle une imposture. Un canular. Le sens des mots n'est jamais celui que l'on croit. Il faut lire et relire sans fin les romans qui nous ont marqués.
C'est en 1990 que paraît, dans le JAMA, le prestigieux Journal of the American Medical Association, un article étrange, s'appuyant sur l'état des dernières recherches en matière de neuroanatomie. L'auteur, F.L. Meshberger, y suggère que, dans la "Création d'Adam", Michel-Ange représente Dieu sur un fond qui ressemble à s'y méprendre à une coupe de cerveau humain. Tout y est : thalamus et hypothalamus, cervelet et bulbe. Voilà qui fait écho au commentaire que fait Léo Strauss, à propos de Machiavel : "Contraint de masquer la véritable ampleur de sa découverte, il doit mettre en place une stratégie d'écriture qui doit être débusquée." Cette stratégie, c'est "l'art d'écrire" qui invite à lire entre les lignes pour percer les intentions cachées. Et voilà qui, cette fois, fait écho au Talmud et à toute la tradition juive d'interprétation du Texte. La pensée n'est d'ailleurs sans doute que cela : une interprétation infinie de la réalité, ou plutôt de ce qui nous est donné à voir, à lire, à comprendre. Ce qui suppose une infinité de sens et, pour chaque lecture, une rencontre singulière entre l'oeuvre et celui ou celle qui l'interpréte. Toute oeuvre, au fond, se révèle une imposture. Un canular. Le sens des mots n'est jamais celui que l'on croit. Il faut lire et relire sans fin les romans qui nous ont marqués.