Petit jeu entre amis autour de quelques bouteilles

Sur le programme du QSCB (mon club de dégustation, faut-il encore le préciser?), il était normalement prévu une soirée autour du Bourgogne. Un certain nombre de personnes ne pouvant venir, il a été décidé faire une soirée "concours" comme il y a un mois à la Solitude. Ce coup-ci, c'est notre ami Patrick qui se lance dans l'organisation, laissant notre cher président Julien jouer comme tout le monde.

Nous commençons par 4 vins blancs :

Premier vin : nez sur notes de champagne comme rarement j'ai senti sur un vin "tranquille". Bouche ample, toute en rondeur, avec une bonne fraîcheur. La fin de bouche se montre un peu trop chaleureuse, trahissant des origines sudistes (ou un millésime solaire). Nous partons sur un Chardonnay languedocien. C'est bien du sud, mais pas vraiment le bon. C'est corse. Et c'est du Vermentino : Carco 2006 d'Antoine Arena.
Second vin : nez puissant sur des notes de pierres fumée (silex) , avec derrière un peu d'agrumes. La bouche est d'un tranchant impressionnant, pierreuse, avec toutefois un beau volume. Tout cela se termine sur une noble astringence qui fait persister longuement le vin. Après beaucoup de tergiversation, nous partons sur un Riesling, même si ça ne nous satisfait qu'à moitié. Avec raison, puisque c'est un sauvignon : Sancerre "les Mont damnés" 2004 de Pascal Cotat. Je suis ravi de goûter ce vin et ce producteur. Je n'en avais encore jamais eu l'occasion. C'est vraiment impressionnant, même si ça mérite de vieillir encore un peu.
Troisième vin : nez sur le miel, les fleurs, un poil truffé. Bouche imposant pas son équilibre. C'est droit, avec une belle matière généreuse. Très "rocheux" en finale. Allez : Marsanne sur Hermitage. Et c'est .... Marsanne sur Hermitage ! Bingo ! Marquise de la Tourette 2004 de Delas.
Quatrième vin : nez sur la poire, les agrumes, et cet arôme indéfinissable de schiste mouillé. Et puis le fameux "pétrolé". Là, ce coup ci, c'est vraiment du riesling. Bouche hyper tendue, droite, et en même temps, séveuse,généreuse, ample. La bouche finit sucrée, mais ce n'est pas dérangeant, tant c'est équilibré. Je donnerais ma main à couper que c'est un Riesling de Moselle allemand. Ouf, c'est Riesling de Moselle allemand : Brauneberger Juffer Sonnenuhr Spätlese 2005 de Fritz Haag. 

Nous passons ensuite aux rouges...
Cinquième vin : nez alliant le poivron au caramel, avec un peu de cassis derrière. Bouche déséquilibrée. C'est à la fois "vert" et d'une rondeur, d'une douceur déconcertante. L'élevage est très prononcé et apporte une amertume pas terrible. Le prototype de ce que je n'aime pas. Le poivron nous dirige à tort vers le Médoc. Mais il y a bien du Cabernet. C'est un Cabardès (moitié cabernet moitié syrah) : la Régalona 2002 du domaine Escourrou.
Sixième vin : robe translucide légèrement évoluée. Nez sur la griotte, le noyau, la terre humide, quelques arômes animaux, le poivre. Nous hésitons au départ entre pinot noir et syrah. Après une bonne aération, nous partons définitivement vers pinot noir. La bouche est limpide mais dégage une puissance honorable , un joli fruit et se conclue par de beaux amers. Sa légèreté nous fait partir sur un Givry. Dur à croire, mais c'est un Clos Vougeot "Musigni" 2004 de Gros Frères et soeur. Cela confirme que le 2004 n'est pas facile en bourgogne.
Septième vin : nez sombre, profond, avec un beau cassis. Bouche très belle, alliant fraîcheur, rondeur et veloutée. C'est un vin à la fois viril et d'une délicatesse presque féminine. Finale avec une belle mâche. J'aime bien. Nous partons sur un Bordeaux. Saint Julien. C'est la bonne région, mais sur l'autre rive. Clos Puy Arnaud 2005 (ce qui explique mon anlyse précédente. Il est vinifié par une femme que j'aime beaucoup : Anne Caldéroni).
Huitième vin : robe opaque. Nez sur les fruits noir bien mûrs, le laurier, la réglisse, les épices. Bouche dense, onctueuse, pulpeuse, d'une grande puissance. Ca déménage ... comme un camion australien ! Pour nous, no doubt : c'est une syrah australienne ! C'en est bien une : C'est le fameux Amon Râ 2005 de Godolphin (qui contient aussi un peu de cabernet).
Neuvième vin : nez fin, dominé par les notes d'élevage (caramel, épices). Bouche dense, bien mûre, aux tannins pas totalement digérés. Vincent reconnaît le style Guigal. Il dirait Saint Joseph 2005. J'ai du mal à croire qu'un Saint Joseph puisse être aussi puissant. On le transforme en côte rôtie. C'était bien un Saint Joseph 2005 de Guigal. Les Vignes de l'hospices. Bah, on marque tout de même pas mal de points.
Dixième vin : robe noire. Nez d'une belle complexité, entre fruits noir et notes salines, la terre humide, les épices. Bouche dense, charnue, d'une grande droiture, avec des tannins au cordeau. Une p... de matière ! Pour moi, c'est espagnol. Tempranillo. Ribeira del Douro. C'est bien espagnol. C'est bien du tempranillo. Mais c'est un Toro : Numanthia 2000.

Nous finissons par deux liquoreux :

Onzième vin : nez sur le miel, la truffe blanche. Bouche fraîche, savoureuse, croquante, d'un bel équilibre. Finale persistante. Ca sent le jurançon à 20 mètres. Ben non, c'est l'appellation voisine : Pacherenc de Vic Bilh "Vendémaire" 2004 de Brumont.
Douzième vin : celui-là truffe plus encore. La bouche est droite, longiligne, alliant fraîcheur et pureté. C'est d'une grande élégance. N'osant croire qu'il nous ait collé un deuxième Jurançon, nous partons vers un beau pinot gris. C'était en fait bien un Jurancon. Le mythique Jardins de Babylone 2005 de Didier Dagueneau. Heureux de l'avoir goûté :o)

Résultat : même s'il n'y a pas de quoi être super fier (y a des beaux viandages...) nous avons gagné ! Merci à Patrick pour l'organisation hors pair.

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