Le Manifeste
Avant de rejoindre le gouvernement, Yazig Sabeg était l'auteur d'un "Manifeste pour l'égalité réelle", publié par le Journal du Dimanche le 9 novembre et publiquement soutenu par Carla Bruni. Quelques jours après l'élection de Barack Obama, la démarche était on ne peut plus opportuniste: "L'élection de Barack Obama éclaire par un contraste cruel les manquements de la République française et l'écart qui nous sépare d'un pays dont les citoyens ont su dépasser la question raciale et élire pour président un homme qui se trouve être noir."
Yazig Sabeg faisait deux types de propositions : primo, instaurer une vraie discrimination positive. Il souhaiterait ainsi que les employeurs "et le premier d'entre eux, l'Etat", soient incités "fortement", "à mettre en place des politiques de promotion de la diversité, fondées sur l'obligation de résultat," et " "soumettre les partis politiques à un pacte national de la diversité." Deuxième idée, "faire sauter les verrous", désenclaver les quartiers en difficulté, ou "limiter les mandats électoraux pour forcer le renouvellement du monde politique". A l'époque, Sabeg se gardait bien de parler des expulsions, du "délit de solidarité", des "rafles au faciès". Préparait-il son entrée au gouvernement Fillon ?
Le rapport du Commissaire
Mercredi 17 décembre à l'Ecole Polytechnique, Nicolas Sarkozy prononçait un discours sur la "diversité" n'était qu'un vacarme de plus, une distraction pour calmer la banlieue alors que l'explosion sociale menace. Aucun moyen, aucune mesure, si ce n'est la nomination de Yazig Sabeg au gouvernement. Quelques mois plus tard, voici que ce dernier publie son rapport. Le nouveau "Haut Commissaire à la Diversité" énonce alors quelques bonnes idées.
Il défend une refonte de la filière professionnelle. Mais faut-il moins d'élèves, ou davantage de moyens ? "Il faut par exemple rationaliser les filières technologiques et professionnelles, c'est-à-dire en diminuer le nombre, en modifier le contenu et leur assurer des débouchés" a-t-il expliqué à 20minutes.
D'autres idées sont plus iconoclastes (mais pourquoi pas ?), comme spécialiser les collèges par classes (6èmes et 5èmes d'un côté; 3ème et 4ème de l'autre). Il reprend aussi une idée en pratique dans la vie professionnelle, la valorisation de l'expérience : "Je pense aussi que tous les acquis des jeunes devraient être valorisés dans leur cursus : la participation à une association humanitaire, la pratique d'un sport en club ou un job étudiant devraient ainsi permettre de gagner des points."
Sabeg soutient aussi qu'il faut développer l'alternance: "Les formations en alternance constituent un vrai tremplin vers l'emploi. Il faut doubler le nombre de jeunes dans ces cursus pour le porter à un million. Pour ce faire, je préconise d'instaurer d'ici à la fin 2012 un quota de 5% de jeunes en formation en alternance pour les entreprises de plus de 50 salariés."
Mais le Commissaire tatonne, par prudence, sur les sujets qui fâchent, comme les statistiques ethniques. Il évite de proposer, comme en mars dernier, un projet de loi "visant à rendre licite la mesure de la diversité". "Ce recueil d'informations s'effectuera sur une base anonyme et volontaire". Cette méthode est simplement inefficace et hypocrite. Un recensement ou, pire, un sondage, sur la base du volontariat n'a juste aucune valeur. Pire, Yazig Sabeg reste complètement flou sur une autre de ses propositions: "Je recommande aussi que l'action des entreprises en faveur de la diversité figure systématiquement dans leur bilan social. Mais pour cela, il faudrait modifier le Code du travail."
Il ne renonce pas, mais il reste prudent. La question des statistiques ethniques est un mauvais débat. Faut-il recenser la couleur de peau, ou les pays d'origine ? Et commnt compte-t-il mettre en oeuvre sa proposition de définir des "modalités de recrutement de 20 % de candidats issus de la diversité d'ici à 3 ans au titre du 3ème concours". Sur quels critères un candidat sera-t-il jugé comme "issu de la diversité" ?
Sur le fond, Sabeg ne cède rien. Il réaffirme dans son rapport que la France a besoin d’«améliorer (sa) connaissance des phénomènes migratoires par une meilleure mesure de la diversité». Cette mesure s’effectuerait sur la base «d’enquêtes anonymes et volontaires», un «comité scientifique et d’éthique permanent» étant chargé de «valider des procédures de collecte» de ces données.
Parfois taxé de visées communautaristes, accusé de vouloir importer en France la discrimination positive çà l'américaine, le Haut commissaire prend soin de précise que les 76 «actions» qu'il préconise pour améliorer la diversité et l’égalité des chances «ne visent pas une catégorie de Français en particulier, mais bien l’ensemble de nos concitoyens».
Source: Hexagone
Et les expulsions ?
Yazig Sabeg ne se prononce pas sur la politique d'immigration du gouvernement. Commissaire alibi ?
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par laissezlesgrandirici