Pirotte, l'homme et le poète

Par Pmalgachie @pmalgachie
Il y a des années que je connais Jean-Claude Pirotte. Et des années que je ne l'ai pas vu.
Dommage.
Mais pas si grave.
J'ai, comme ses autres lecteurs, régulièrement de ses nouvelles. Et les dernières sont particulièrement copieuses. 900 pages de poèmes écrits de 1953 à 2003, un ensemble monumental. Le promenoir magique et autres poèmes est un parcours de longue haleine - et n'est pourtant pas l'intégrale de sa poésie.
Jean-Claude Pirotte a commencé tôt. Mais ses vers d'adolescent sont loin des hésitations habituelles à cet âge. Il a déjà une voix particulière, et il ne va cesser de la faire entendre, de plus en plus claire au fur et à mesure que les années et les doutes s'accumulent.
Est-ce parce qu'il ne se prend pas pour un poète qu'il l'est absolument? L'explication est trop simple. Lisez, vous verrez. J'ouvre le livre au hasard et je vous en offre une page.
demain c'est à nous deux Paris
mais pas Rastignac pour un sou
j'irai voir mon ami Kani
avec qui je fus parfois saoul
nous parlerons peu nous aurons
de longs silences mémorables
dans des bistrots nous rêverons
à des fortunes improbables
vous qui me lirez dans cent ans
(si vous avez le droit de me lire)
songez que mon fantôme a tant
et tant de choses à vous dire
en dépit de sa maladresse
et de son mutisme contraint
cartes postales sans adresse
et toujours le Diable et son train
Voilà une musique comme je les aime, autant que j'aime ce sacré bonhomme auquel Pol Charles consacre un petit essai éclairant. Les légendes de Jean-Claude Pirotte sont une lecture de l'œuvre entre les lignes, lecture augmentée de ce que les textes disent ou non de la biographie. Avec plus ou moins d'authenticité. Mais, quand Pirotte invente, c'est pour mieux éclairer. Et la sincérité est donc toujours totale.
Pol Charles n'a évidemment pas exploré que la poésie. Les récits et les romans sont aussi une nourriture solide pour lecteurs exigeants. On retrouvera donc ici l'écrivain qui fut avocat florissant avant de partir en cavale comme un voyou qu'il n'est pas - qu'il est un peu, mais alors c'est un voyou magnifique et flamboyant, à retrouver toutes affaires cessantes.