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Grippe A H1N1 : Pourquoi les sirènes d'alarmes se sont déclenchées

Par Docrica

Grippe porcine, puis mexicaine, puis nord-américaine, en passant par " nouvelle grippe " , c'est finalement " Grippe A/H1N1/California/04/2009 " qu'elle finira par s'appeler.

(Source Wikicommons, Domaine Public)

Les différentes nations entreprennent une série d'actions qui ont pour seul objectif (ou pas): Éviter le scénario de 1918, la " Grande épidémie ", la " Grippe Espagnole ".

La grippe espagnole, c'est l'histoire d'un virus, qui au printemps 1918, apparaît " simultanément " en Europe, en Asie et en Amérique du nord.

Elle est contagieuse mais peu virulente. En Amérique, c'est surtout les soldats qui sont touchés.

En Octobre 1918, une deuxième vague apparaît, elle touche en particulier les sujets jeunes, et les femmes.

Le tableau clinique (les signes de la maladie) est beaucoup plus virulent. Un début comme une grippe banale, permettant même aux patients de reprendre leur travail, puis une rechute brutale avec une grande fatigue, une forte fièvre et des signes respiratoires très marqués (toux exténuante, difficultés pour respirer).

Vu les conditions de l'époque, une grande partie des patients arrivaient au moment de leur prise en charge, à un stade " avancé " de l'infection, dans des conditions catastrophiques... " sub-claquants ". (en caricaturant, .. des morts-vivants ! ). Pour vous donner une idée, les patients étaient classés par " gravité " .. en fonction de leur couleur de peau, la cyanose : plus ils étaient noirs, plus c'était grave.

La médecine en 1918 ? Bof. On fait à peine la différence entre un virus et une bactérie. L'Académie de Médecine à qui on demande de trancher conclura que " la maladie est hautement contagieuse et que sa contagion est certainement inter-humaine ".

Le Ministère de l'intérieur (notre MAM aujourd'hui) ordonne la fermeture des lieux publics.

En même temps, le ministère de la défense (on est en pleine première guerre mondiale), fait revenir les malades du front, dans les villes de garnison, et ils contaminent à leur tour, la population civile.

Le traitement des malades ? Cloitrés à leur domicile, on leur rappellent les règles d'hygiènes. Vaporisation générale de Menthol et d'Eucalyptus (tient.. ça vous dit rien comme sirop ça ? ).

C'est en 1930 que la science permettra d'en savoir plus sur le virus de la grippe Espagnole. C'est un virus de type 'A'.

Bilan des courses: La moitié de la population mondiale est atteinte, et 20 à 40 Millions de personnes meurent.

Intéressante est cette observation (thèse de 1919 d'un externe) , tirée du document de Pierre Mordant, La Grippe Espagnole. " Mlle L, 36 ans. Entrée le 10 novembre, salle Malgaigne, début 5 jours avant par des frissons et de la courbature, surtout lombaire, léger mal de gorge [...]. Dyspnée assez accentuée et constante pendant tout le cours de la maladie. À l'examen, on trouve, à droite, en arrière dans la moitié inférieure, de la matité, un foyer avec du souffle et des râles sous-crépitants. À gauche, - ni matité ni souffle - mais râles sous crépitants sur toute la hauteur du poumon. Le pouls est à 100, la tension artérielle est à 8 maxima, on ne peut mesurer la minima. Le foie est augmenté de volume, il déborde les fausses côtes. La malade à du délire, une agitation continuelle, de l'insomnie. Ces symptômes résistent à l'administration de chloral et de bromure. La température, qui était de 39,6 °C à l'entrée, oscille entre 37,6 °C et 39,8 °C durant les onze jours de la maladie [...]. Malgré un traitement actif: saignée au début, argent colloïdal quotidien, huile camphrée, strychnine, enveloppements froids, abcès de fixation, injections sous-cutanées d'oxygène, la malade succombe au seizième jour de sa grippe. Autopsie - poumon à droite: gros foyer de pneumonie occupant la plus grande partie du lobe moyen, foyers de bronchopneumonie disséminés sur toute la hauteur du poumon. À gauche: foyers de bronchopneumonie multiples, mais plus importants à la base. Pas de lésions des sommets." Quel est le rapport avec la Grippe A/H1N1/California , dites grippe néo-porcino-mexico-nord-americano-cocoriconienne ?

Le virus de la grippe, est un virus (Ouhais !!) , c'est à dire un bout de code génétique qui parasite des cellules. Ce " microbe " ne vit qu'a l'intérieur de celui qu'il parasite (mais il peut " survivre " en dehors, en attendant de ressusciter chez un nouveau locataire). Il est responsable chaque année d'épidémie dans l'hémisphère nord qui touche 4 à 5 millions de personnes en France. Il suit habituellement un " parcours " mondial, qui part de l'Asie.

Il est caractérisé par des protéines qui se trouvent à sa surface (Hx et Nx) qui évoluent constamment (et rendent ainsi les défenses immunitaires de l'homme peu efficace d'une épidémie à l'autre, d'une mutation à l'autre).

Les virus, selon leur protéines de surface , ont leur " locataire " de prédilection: l'homme,les oiseaux,le porc, mais aussi un grand nombre d'autres animaux.

Chaque année, c'est un nouveau virus "mutant" qui touche préférentiellement lors de la grippe saisonnière. Les vaccins sont préparés à l'avance par " hypothèses statistiques " selon la contagiosité, et la virulence des virus découverts en Asie.

Pour l'hiver 2008- 2009, 3 souches ont étés isolées : A/Solomon Islands/3/2006 (H1N1) , A/Wisconsin/67/2005 (H3N2) et B/Malaysia/2506/2004 .

(Source LeMonde : Fiche d'identité d'un virus inédit)

Pourquoi y a t il un vent de panique suite à la découverte du virus au Mexique?

Sa contagiosité: un village a été atteint dans sa quasi totalité (indiquant une immunité humaine au virus de l'ordre du 0 ). Il s'en est suivi une dissémination vers la capitale. Jusque là, rien de bien particulier. Puis, alors que le virus n'est toujours pas identifié, (il est nouveau.. donc son identification prend du temps), des particularités éveillent l'attention.

Sa virulence: un malade, auparavant en bonne santé, dans une tranche d'âge non touché habituellement par les virus grippaux saisonniers, meurt.

D'autres développent des pneumopathies assez sévère.

Le virus, de par sa différence avec les précédents virus grippaux connus, n'est toujours pas " biologiquement " identifié. On sait que c'est une grippe, on sait qu'il contient des bouts de gènes du virus du Porc, mais on retrouve aussi des gènes aviaires ( .. et la ça réveille la hantise du H5N1, la grippe aviaire, avec ces 50% de décès chez les personnes atteintes, même s'il n'a touché que quelques centaines de personnes, s'il avait été " contagieux ", c'est la moitié de la population qui aurait pu périr... d'où les multiples efforts internationaux pour la prise en charge de ce " risque sanitaire majeur ").

Évoquant en premier lieu une contamination du porc à l'humain (controversé), des contaminations inter-humaines sont constatées. Les décès commencent à s'accumuler (sans preuve directe puisque toujours par de moyen d'identifier exactement le virus).

Les transports modernes permettent au virus, via le malade qu'il a contaminé, de voyager d'un pays à l'autre, d'un continent à l'autre, en quelques heures.

L'alarme mondiale sonne. Et c'est l'OMS qui la tire, cette même OMS qui naît juste après la grippe espagnole de 1918, dans un esprit de " Plus jamais ça ! " (le " comité d'hygiène de la Société des Nations ".

Il s'agit d'agir " vite et bien " : éviter la diffusion, connaître au plus vite la contagiosité, et la virulence de la nouvelle bestiole (et pour ça, il faut " observer " les dégâts occasionnés, les réactions de l'organisme, l'impact de nos moyens de traitement, l'efficacité des médicaments connus, ce qui prend des jours, voire plus).

Il faut que les autorités de santé devinent de quel coté la pièce va tomber:

Pile: c'est le virus pandémique qui va faire de gros dégats,

Face: c'est un virus dont on ne connaît pas grand chose pour l'instant, mais qui n'est pas plus dangereux que les saisonniers.

On est aujourd'hui, au moment où on commence à voir la face qui est en train d'être joué. Ça fait un peu " Pshittttttt ". Une grippette. Plus qu'une grippasse. Le virus ne semble pas particulièrement virulent, pas particulièrement mortel.

Mais rien n'est moins sur.. Plus le virus arrive à se multiplier, plus il a de chance de muter, de " changer ", et de gagner en virulence ou en contagiosité (ou moins virulent, et moins contagieux, mais on n'entend pas parler de ceux là, ils " meurent " tout seul comme des grands).

Nous entrons en phase estivale dans l'hémisphère Nord (enfin estival.. si on peut dire.. les 6 dernières années au niveau " météo " semblent bien aléatoires), et il n'y pas jamais eu de grandes épidémies en été. On peut donc s'attendre (et souhaiter) que ce soit " calme " pour nous cet été. (Une simple grippette..).

Ce n'est pas le cas pour l'hémisphère Sud, qui lui, rentre en période hivernale. Le virus devrait trouver un environnement beaucoup plus favorable à sa multiplication et sa diffusion.

Hémisphère sud qui n'est pas particulièrement connu pour le développement de son système de santé, ils ont largement moins de moyens (financiers) pour combattre.

La durée de l'épidémie de ce genre de virus étant habituellement de 3 à 4 mois, il se pourrait bien que le virus remonte jusqu'à l'hémisphère nord, au moment ou les conditions seraient plus favorables, l'automne.

3 à 4 mois, ça laisse le temps à l'hémisphère Nord de préparer des contres-offensives thérapeutiques (anti-viral, vaccin, optimisation des prises en charges, information à la population, organisation de la " vie de tout les jours " en phase pandémique)... temps qu'il pourrait manquer pour toute les populations pauvres concentrées dans le Sud.

Suivre l'évolution de l'épidémie de l'autre coté du Monde apparaît donc comme la clé pour essayer de deviner si notre " grippette " ne va pas se transformer en " grippasse " pour l'automne.

(Comment ça, le post est trop long ?? meuhhhh non.)


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