On ne saura expliquer ce qui a attiré le réalisateur de Priscilla Folle du Désert vers ce classique du théâtre anglais écrit par Noël Coward, mais on ne peut que s’en réjouir au vu du résultat. Un Mariage de Rêve (pourquoi un titre français aussi bateau ?) est un spectacle pétillant mêlant comédie, drame et farce avec une touche d’humour british jouissive. Le film suit les péripéties de Larita, une jeune femme américaine fraîchement mariée à un jeune aristocrate anglais, alors qu’elle découvre et affronte sa belle-famille. Stephan Elliott signe ici un retour en grande forme en adaptant une pièce de théâtre, un défi pas toujours facile, surtout pour éviter les longueurs. Le cinéaste australien parvient à injecter sa patte au genre à force de mouvements de caméras bien trouvés, de bonnes idées à chaque plans (jouant avec les reflets par exemple, comme dans la boule de billard) et une direction d’acteurs impeccable.
Le casting est d’ailleurs de premier choix : Kristin Scott Thomas n’a plus à prouver l’étendue de son talent mais on se doit de souligner sa performance parfaite en belle-mère aigrie et redoutable. Jessica Biel est surprenante dans le rôle principal, elle livre une interprétation nuancée et à l’aise dans tous les registres. Le duel qu'elles se livrent, notamment par joutes verbales interposées, sont un vrai délice. Ben Barnes fait un candide jeune marié et Colin Firth un père rongé par la mélancolie et maniant le sarcasme comme personne. L’alchimie fonctionne très vite entre tous (seconds rôles compris, dont un mémorable majordome aux répliques caustiques). Les dialogues sont logiquement exquis, piquants et intelligents. Le scénario alterne les scènes de pure comédie (avec notamment l’épisode de Poppy le chihuahua) avec l’émotion sans tomber dans le larmoyant ou le rire de bas étage. Ajoutez à cela une photographie très travaillée, des décors et des costumes d'époques sublimes et une ambiance musicale très jazzy et rétro (qui reprend des tubes réarrangés tels que Sex Bomb de Tom Jones ou Let’s Misbehave de Cole Porter), et vous obtenez une petite pépite de cinéma à dévorer au plus vite.