En ce qui concerne donc la musique et le chant, je parie que c’est surtout pour cela que vous traînez sur le blog, le département artistique n’a pas fait dans la demi mesure non plus. Si l’histoire en elle-même ne fait pas vraiment l’intérêt du métrage (fond social intéressant mais forme très mélodramatique), les parties chantées et dansées sont toutes à classer dans l’anthologie du genre. Puisant autant leurs inspirations dans les traditions "folkloriques" des différentes régions de l’Inde que dans la grandiloquence des orchestres symphoniques hollywoodiens des années 30/40. Les compositeurs Ismail Darbar, Monty et Pt Birju Maharaj réussissent un syncrétisme musical dont chaque mélodie envoûte, chaque envolée saisit, chaque rythme transporte. Les instruments traditionnels, tels que santoor, sitar, tablâ, tampura ou vînâ pour ne citer que ceux-là et dont les sonorités peuvent paraître rébarbatives voire agressives pour le néophyte, prennent ici une dimension de divertissement pur, sortis de leur contexte de musique méditative et contemplative.
Le talent des chanteuses et chanteurs principaux sert à merveille les textes poétiques et dramatiques de Nusrat Badr et Sameer. Dans le cinéma indien chaque acteur qui incarne un personnage principal a sa "doublure chant" (peu d’actrices et d’acteurs chantent eux-mêmes). Quand un artiste atteint le statut de vedette la même "voix chantée" le suit tout au long de sa carrière dans la mesure du possible. On retrouve entre autre Udit Narayan, Kavita Khrisnamhurty et Shreya Ghosal au sommet de leur forme vocale. Il faut certes aimer les voix féminines aiguës qui vous chatoieront le cœur et celles masculines graves qui vous éclairciront l’âme. Bien sûr c’est un peu plus nuancé que ça mais tout cela pour dire que l’on sort des standards vocaux habituels. Les voix sont utilisées à des fins émotionnelles mélancoliques (je pense aux morceaux "Silsilia Ye Chaahat Ka", "Bairi Piya") ou généreuses ("Chalak Chalak", "Kaahe Chhed Mohe").
L’écoute du disque hors contexte du film se fait sans problème, la connaissance de l’histoire est un petit plus à savourer par les jusqu’au-boutistes. Les autres, n’hésitez pas à jeter un coup d’œil sur les sites dédiés aux clips musicaux extraits du film (en particulier les titres "Dola Re Dola" et "Maar Daala") car les chorégraphies sont de très grande qualité et finiront par donner le "coup de grâce" à ceux qui n’avaient pas encore baissé le bouclier des préjugés. Si après tout ça, ça ne passe toujours pas, bien ce n’est pas grave, ce sera peut-être pour une prochaine fois.
En bref : plus qu’une simple musique de film, un concentré d’énergie et d’élégance à consommer sans aucune modération ; l’émotion décomplexée à l’état pure.
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