Les douze morceaux proposés résument idéalement le son de ce binôme ultra-fashion composé de la DJ et graphiste Joan Costes (qui a dit “pistonnée” ?) et du réalisateur/producteur Adrien de Maublanc. Sur une base house aux basses lourdes, Masomenos se livre à d’astucieux collages en utilisant des samples et citations inattendus, comme sur "Ma Saucisse” (!), où résonne la "Gnossienne n°1" d’Erik Satie - le titre évoque par ailleurs le Ricardo Villalobos des débuts, le côté dubby en plus. Sans doute le meilleur moment du disque. Si le tempo ne ralentit presque jamais sur Third Eye et s’avère à la longue un poil répétitif, les ambiances varient suffisamment pour éviter l’ennui - exception faite d’un petit passage à vide à mi-parcours. Le Camerounais Firetongue apporte une touche afro-latine avec ses percus et sa guitare. Quant à Curro Savoy, siffleur attitré d’Ennio Morricone pour les B.O. de Sergio Leone, il fait quelques apparitions pour accentuer l’aspect cinématographique du voyage.
Pas de grosses nappes synthétiques, ni d’arpèges en cascade : c’est bien à l’école minimale qu’ont été éduqués Joan et Adrien. Le son est plutôt sec, et les samples comme posés en retrait d’une rythmique toujours assez funky. En fait, Masomenos fait souvent penser à Nôze dans sa manière de disséminer les éléments instrumentaux dans ses programmations. Cette analogie est absolument évidente sur “Valse”, track euphorique réalisé avec le Turc Sis, qui rappelle fortement “You Have To Dance”. Nôze faisait d’ailleurs partie des invités de la release party de Third Eye à l’Elysée-Montmartre, il y a quelques jours. On a connu pire parrainage.
En bref : un premier album intéressant, même s’il s’agit davantage d’une compilation de maxis. Des samples intelligents, beaucoup d’humour et un univers funky et coloré... Entre Nôze et Villalobos, les frenchies de Masomenos signent une belle pièce de house minimale. A surveiller.
Le site et le Myspace de Masomenos
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