Le Cinéma n’aime pas la médecine…

Par Geouf

Aujourd’hui, je vous propose un petit dossier de mon ancien blog, né suite au visionnage de Fragile et The Jacket au cours de la même semaine. A l’époque, je m’étais fait la réflexion que dans les films, les hôpitaux n’étaient vraiment pas des lieux sûrs… Alors hop, ni une ni deux, j’ai décidé de vous pondre un petit dossier pour que vous évitiez de vous faire massacrer en allant vous faire soigner. Hein que je pense à votre santé ! Parce que si vous croyez encore naïvement qu’en vous rendant à l’hôpital vous allez rencontrer le beau docteur Ross d’Urgences ou délirer avec les sympathiques internes de Scrubs, laissez-moi vous dire que vous faites fausse route… Bon évidemment, si après lecture vous décidez que finalement vous allez vous soigner vous-même pour plus de sûreté, je nie toute responsabilité dans ce qui pourrait vous arriver !

Science sans conscience…

Le serment d’Hippocrate, vous connaissez ? Mais si, ce serment que prêtent tous les médecins et qui en gros stipule que tout ce qu’ils feront sera dans l’intérêt de leurs patients et que en gros vous ne risquez rien entre leurs mains ! Et bien dans les films, c’est un serment qui n’est pas très souvent respecté. Prenons par exemple le cas de la belle Franka Potente dans l’excellent Anatomie (2001, Stefan Ruzowitzky)… Et bien dans ce film, elle va découvrir que ses très chers camarades de promo (elle est étudiante en médecine) font partie d’une secte ne respectant pas ce serment. Et concrètement, ça donne quoi, allez-vous me demander. Et bien juste que ceux-ci pratiquent des expériences destinées à faire progresser la science… sur des humains vivants ! Ah oui, tout de suite on rigole moins ! 2 ans après, le réalisateur remettra le couvert pour Anatomie 2, mais on évitera de parler de cette suite honteuse, tout comme on passera rapidement sur le très moyen Pathology (2008, Marc Schoelermann) qui reprend le même genre d’histoire…

Intéressons-nous plutôt au cas de Genevieve Bujold dans Morts suspectes de Michael Crichton (1978). Dans ce film, elle incarne le rôle de Susan Wheeler, une jeune interne qui décide d’enquêter sur le coma mystérieux de son amie Nancy. Elle ne tarde pas à découvrir que les médecins de l’hôpital s’amusent à envoyer certains patients dans le coma pour leur voler leurs organes et les donner à des personnes plus fortunées. Il lui faudra toute la force de sa volonté et l’aide de son petit ami Michael Douglas pour s’en sortir…

Et d’ailleurs, elle aurait pu passer le mot à Hugh Grant, parce que lui aussi se retrouve au cœur d’une sombre affaire dans le sympathique Mesures d’Urgences de Michael Apted (1997). Il va lui falloir toute sa détermination pour élucider la mort mystérieuse d’un homme admis aux urgences pendant sa garde. D’autant plus que son principal adversaire est le redoutable Gene Hackman !

On pourra aussi citer l’ignoble docteur Helmer de The Kingdom (de Lars Von Trier) ainsi que son pendant américain, le docteur Stegman (dans le remake de Stephen King, Kingdom Hospital), qui ne s’intéresse pas du tout à ses patients et est prêt à tout pour cacher une grave erreur médicale commise sur une jeune patiente…

Si les hôpitaux sont dangereux, les asiles psychiatriques ne le sont pas moins, comme pourrait l’attester Adrien Brody dans The Jacket de John Maybury (2005). Déclaré mentalement instable et interné pour un crime qu’il n’a pas commis, il se retrouve sous la coupe du docteur Thomas Becker (Kris Kristofferson) dont l’occupation favorite est de ligoter ses patients dans une camisole de force avant de les enfermer dans un casier de morgue, pour soi-disant les guérir. Le seul bon point de l’histoire, c’est que grâce à ça, Jack Starks (le personnage incarné par Brody) pourra voyager dans le futur et tenter d’empêcher sa mort prochaine…

En 1981, le célèbre docteur Herbert West décide d’utiliser la morgue de son hôpital comme labo pour ses expériences sur la vie éternelle, dans le délirant Reanimator de Stuart Gordon. Des expériences qui tourneront bien vite au cauchemar gore, puisque le sérum du bon docteur ressuscite les morts, quelque soit leur état, et que ceux-ci comptent bien en profiter…

Autre exemple de médecin seulement intéressé par lui-même, le très vilain docteur Channard de Hellraiser 2 (Tony Randel, 1988). Ce psychiatre qui est soi-disant là pour soigner les angoisse de la pauvre Kirsty, rescapée du premier opus. Mais en fait, le vil médecin n’a qu’une idée en tête, apprendre comment accéder au monde des Cenobites, pour acquérir un pouvoir incommensurable. Il aurait dû pourtant savoir que généralement, ce genre de plans, ça ne fonctionne pas (nan, même pas au cinéma). Et bien entendu, sa punition sera assez terrible…

Même si tous les médecins de recourent pas à des pratiques aussi extrêmes que celles que je viens de décrire, d’autres expérimentations peuvent mal tourner, même avec la meilleure volonté du monde… Prenons le cas de Laure (Marylin Chambers) dans Rage de David Cronenberg (1976). Après un grave accident de moto, elle subit une lourde greffe de peau selon une nouvelle technique révolutionnaire. Une greffe qui la transformera malheureusement en prédateur assoiffé de sang…

Continuant sur sa lancée, Cronenberg nous présente en 1979 les conséquences d’une nouvelle approche de la psychothérapie, dans le terrifiant Chromosome 3. C’est cette fois Oliver Reed qui en fait les frais, lorsque son ex-femme, interprétée par Samantha Eggar, accouche d’une progéniture monstrueuse et meurtrière pour évacuer ses angoisses et ses problèmes psychologiques…

Au rang des greffes malheureuses, on peut citer la greffe de cornée de la belle Mann, dans le flippant The Eye des frères Pang. Une greffe qui a comme fâcheux effet secondaire de permettre à la belle de voir les fantômes qui errent dans notre monde.

De même,  le pauvre Jeff Goldblum, miraculeusement ramené à la vie suite à un grave accident de voiture, se retrouve affublé du don de voir à travers les yeux d’un tueur dans le très moyen Souvenirs de l’au-delà de Brett Leonard (1995). Forcément, le pauvre en vient rapidement à regretter de ne pas être mort !

Et pour en revenir une fois encore à Cronenberg, qui décidément aime bien la médecine, on peut citer les frères jumeaux de Faux Semblants, gynécologues de leur état et entre autres inventeurs d’étranges instruments pour opérer les mutantes. Des délires qui les conduiront à la ruine puis à la mort…

Dernier exemple, enfin, le gentil docteur Bondo de la série The Kingdom de Lars Von Trier. Le bon docteur est tellement obsédé par le fait de cultiver une tumeur rarissime découverte sur le foie d’un patient, qu’il n’hésitera pas à la mort de celui-ci à se faire greffer son foie… Un beau sacrifice, mais un peu stupide, vous ne trouvez pas ?


Attention, hôpital, prière d’agoniser en silence !

Maintenant que j’ai évoqué les expériences malheureuses pratiquées au sein de certains établissements, il est temps d’entrer plus profondément dans le sujet. Le deuxième danger qui vous guette est en effet purement et simplement la mort. Parce que vous croyez être en sûreté chez votre généraliste ou dans un hôpital, entouré d’infirmières et de gentils docteurs ? Détrompez-vous, comme vous allez le voir, les hôpitaux sont un lieu de prédilection pour les tueurs en tout genre.

Alors premier conseil, si vous êtes un témoin gênant dans un procès, ou si vous appartenez à un gang, surtout, n’allez pas vous faire soigner à l’hôpital, c’est le meilleur moyen de vous faire trucider. Prenez par exemple Don Corleone (Marlon Brando) dans Le Parrain (Francis Ford Coppola, 1972), heureusement que son fils Michael (Al Pacino) a la bonne idée de l’emmener loin de l’établissement dans lequel il était soigné, sinon, il allait y passer, assassiné par des tueurs d’une bande rivale. La pauvre amie de Kim Bauer (Elisha Cuthbert) dans 24 n’aura malheureusement pas la même chance. Après s’être faite renverser par une voiture, elle finira assassinée dans sa chambre d’hôpital par un homme se faisant passer pour son père.

Mais si les hommes de mains et les tueurs à gages adorent les hôpitaux pour effectuer leur vile besogne, d’autres tueurs beaucoup plus dangereux apprécient ces endroits : les tueurs en série et autres psychokillers de films d’horreurs. Prenons pour commencer notre ami Michael Myers. Outre le fait qu’il se soit échappé d’un asile psychiatrique dans le premier épisode, il s’attaque dès sa deuxième aventure (Halloween 2, Rick Rosenthal, 1981) à l’hôpital dans lequel sa demi-sœur Laurie Strode (Jamie Lee Curtis) s’est réfugiée. Le carnage n’en sera que plus grand, le staff de l’hôpital étant totalement dépassé par l’invulnérabilité du bonhomme.

Autre célèbre boogeyman, le grand Freddy Krueger s’est lui aussi très souvent attaqué à ses victimes dans des hôpitaux. Il y massacrera notamment la baby sitter du fils d’Heather Langenkamp dans le septième épisode de la série, Freddy sort de la Nuit (Wes Craven, 1994). Mais le plus gros carnage qu’il ait jamais effectué dans un établissement de soins est celui des Griffes du Cauchemar (Chuck Russel, 1987). Dans ce 3e opus de la célèbre saga, il s’attaque à une bande d’ados soignés dans un asile pour leurs troubles du sommeil. Il leur faudra s’allier grâce à l’aide de Nancy (Heather Langenkamp) pour réussir à le vaincre. Freddy finira même par rameuter un autre célèbre tueur décérébré dans un hôpital, dans le très sympa Freddy contre Jason (Ronny Yu, 2003). Un hôpital dans lequel les médecins ont inventé un médicament destiné à supprimer les rêves des enfants pour les protéger de Freddy. Ce qui n’empêchera aucunement Jason de massacrer quelques pauvres ados égarés dans les lieux…

Et quand ce ne sont pas des tueurs extérieurs, ce sont les médecins eux-mêmes qui pètent un câble et s’amusent à trucider leurs patients !

L’un des plus célèbres médecins tueurs du cinéma reste sans conteste le bon docteur Genessier (Pierre Brasseur) du film Les Yeux sans Visage de Georges Franju (1960). Un chirurgien anéanti par l’accident de la route ayant défiguré sa fille adorée, et qui ne trouve rien de mieux que d’enlever des jeunes filles pour voler leur visage et tenter de guérir celle-ci.

Autre illustre médecin psychopathe, cette fois-ci encore plus terrifiant car ayant réellement existé, le tristement célèbre docteur Petiot. Incarné par un Michel Serrault terrifiant dans le film éponyme de Christian de Chalonge (1990), le docteur Petiot dépeçait et brûlait des victimes juives pendant l’Occupation. Ses atrocités ne seront découvertes qu’à la Libération.

N’oublions pas non plus le bon docteur Alan Feinstone, dentiste de son état, qui pète soudainement un câble lorsqu’il soupçonne sa femme de le tromper avec le type chargé de l’entretien de sa piscine, dans Le Dentiste et sa suite, tous les deux réalisés par Brian Yuzna. Une folie qui libérera des pulsions meurtrières dévastatrices et le poussera à utiliser tout ses outils de façon bien particulière et plutôt douloureuse…

Dans l’épisode Sanguinarium de la cultissime série X Files (saison 4, épisode 6), Mulder et Scully doivent affronter un chirurgien plastique adepte de la magie noire, qui massacre ses patients afin d’effectuer un rituel de vie éternelle. Et on peut dire que le bougre fait ça bien : brûlure à l’acide, aspiration des viscères pendant une liposuccion…

Les cliniques de chirurgie esthétique ne sont d’ailleurs vraiment pas des endroits sûrs, comme on peut le constater dans la géniale série Nip/Tuck. Notamment lorsque le fameux Carver rôde dans les parages. Sa passion ? Violer et défigurer de belles jeunes femmes, surtout lorsqu’elles ont récemment été opérées…

Sciences surnaturelles

Dernier point que j’aborderai dans ce dossier, et non des moindres, les manifestations surnaturelles au sein des hôpitaux. En effet, mis à part un cimetière, quel lieu autre qu’un hôpital est plus propice aux émanations de l’au-delà ?

Dans le cinéma, les personnes décédées à l’hôpital on t très souvent du mal à quitter le monde des vivants. Et ce n’est pas Mme Druse, médium de son état, qui nous dira le contraire, tant l’hôpital The Kingdom créé par Lars Von Trier est rempli d’âmes en peine… Comme l’est bien évidemment celui du remake de Stephen King.

Les hôpitaux hantés sont aussi un peu le fond de commerce de la boîte de production Dark Castle. Dans La Maison de l’Horreur (William Malone, 1999) et sa suite (2007, Victor Garcia), c’est un asile psychiatrique abandonné, théâtre de pas mal d’atrocités qui sert de décor pour un jeu d’un genre un peu particulier. Un groupe de personnes doit passer une nuit dans le bâtiment afin de remporter la coquette somme d’un million de dollars offerte par un milliardaire excentrique. Bien évidemment, les esprits qui hantent les lieux ne sont pas forcément très amicaux ni motivés pour qu’on s’amuse à leurs dépends…

Dans Gothika (Matthieu Kassovitz, 2003), toujours produit par Dark Castle, la belle Halle Berry se retrouve par un étrange tour de passe-passe internée dans l’institution psychiatrique pour laquelle elle travaille, accusée d’un meurtre qu’elle ne se souvient pas avoir commis. Et bien entendu, il y a une histoire de vengeance d’outre-tombe là-dessous…

Encore plus récemment, on a pu voir Calistha Flockhart aux prises avec un fantôme possessif dans le superbe Fragile de Jaume Balaguero (2006). Un fantôme dont la principale occupation est de briser les os des enfants admis dans l’hôpital qu’il hante afin que ceux-ci ne puissent pas repartir.

Dans le très psychologique Session 9 de Brad Anderson (2001), toujours scandaleusement inédit en France, des ouvriers chargés de désamianter un asile désaffecté depuis une quinzaine d’années sont agressés par des esprits revanchards. Du moins à première vue…

Le récent Madhouse (William Butler, 2005) oppose un jeune psychiatre (Joshua Leonard) au mystérieux patient de la cellule d’isolement 44 de l’hôpital psychiatrique Cunningham Hall. Un patient qui poussera le héros à s’interroger sur les pratiques au sein de l’établissement, surtout lorsqu’une spirale de violence sera déclenchée…

Au cours de votre visite des hôpitaux hantés, ne manquez pas de vous arrêter dans la petite ville de Silent Hill (Christophe Gans, 2006) afin de faire un petit coucou à ses étonnantes infirmières zombies, toujours prête à vous découper au scalpel…

Voila, j’ai terminé ce rapide tour d’horizon des quelques (!) dangers qui peuvent vous guetter au sein des institutions médicales, en espérant que maintenant vous aurez d’autant plus peur de vous faire soigner. Gnark gnark gnark…