Anthropométrie bleue

Publié le 07 mai 2009 par Myriam

En préparant la note précédente, et à vrai dire je ne saurais trop vous dire pourquoi, j'ai soudain trouvé des points de similitudes troublants entre certaines des œuvres de Matisse et certains des tableaux de Klein. Jusque là, je n'y avais véritablement jamais songé, mais à présent ces rapprochements m'apparaissent avec évidence et je ne peux m'empêcher de vous les livrer. 

D'un côté, "La Chevelure" de Matisse, de nouveau un découpage dans du papier bleu, fait en 1952 (collection particulière), et de l'autre "L'anthromorphie ANT 130" de Klein, réalisée en 1960 en pigment pur sur papier (Museum Ludwig Köln).

Outre la couleur, le mouvement d'envol du corps est similaire, et l'on ressent la même sensation de légèreté et d'apesanteur, avec pour moi du côté de chez Klein, plus encore que chez Matisse, un mouvement très proche de celui de la Victoire de Samothrace.

Matisse dit lui-même "Vous ne pouvez pas vous figurer à quel point, en cette période de papier découpés, la sensation de vol qui se dégage en moi m'aide à mieux ajuster ma main quand elle conduit le trajet de mes ciseaux." (1)

Il en est de même pour le "Nu bleu debout" réalisé par Matisse la même année en 1952 (Pierre et Maria Gaetana Matisse Foundation) et, par exemple, l'une des Anthropométries comme cette "Anthropométrie sans titre", faite en 1960, en pigment pur et résine synthétique, or, sur papier marouflé sur toile (collection privée, © Adagp, Paris 2007).

Pourtant la façon de faire est radicalement différente, pour l'un il s'agit de découpage dans du papier gouaché bleu, pour l'autre "la technique des pinceaux vivants" (2). Dans les deux cas, on aboutit quasiment à la même empreinte, aux mêmes formes sculpturales.

Je vous laisse sur ces parallèles étonnants ...   

(1) Entretien avec André Verdet, 1952, cité dans Henri Matisse, 1972, cité dans le catalogue Matisse-Picasso, septembre 2002

(2) Propos d'Yves Klein