Le terme est à la mode et circule de manière inattendue dans les couloirs des établissements. Les élèves se traitent respectivement de « bouffon » ou utilisent cette désignation pour montrer du doigt quelqu’un dont l’attitude est ridicule et grotesque.
Ceux qui ont suivi mes pièces savent que la figure du bouffon est très représentée dans chacune d’elles. Peut-être parce que, en bon lecteur de Shakespeare, j’ai toujours considéré avec intérêt ce personnage qui, en même temps qu’il assure le rire et la fantaisie, libère un autre champ de réflexion. Il est « Fou raisonnable » à la façon du Pierre de Touche de « Comme il vous plaîra ».
Le fou est représenté d’une certaine manière dans ma dernière production. Mais ce n’est pas de ce bouffon là que je voudrais parler ce matin.
Il s’agit des bouffons acteurs qu’il faut supporter dans la mise en scène du spectacle (dont la date approche dangereusement), de ces agités qui n’écoutent rien, passent le temps de la répétition à glapir, minauder, se cacher sous les tables, s’envoyer des insultes, enfiler la veste ou les lunettes d’un voisin, demander des chewing-gum et rire au nez du metteur en scène qui leur demande seulement de mieux placer la voix et le corps lorsqu’enfin ils jouent pour de bon.
Car la plupart du temps, ils sont, sur la scène, de pitoyables bouffons dont Yorrick ne saurait que dire. Le pauvre, il doit se retourner dans sa tombe !