JUSTICE - Son concubin n'avait plus de papiers depuis plus de deux ans. Parce qu'elle l'a aidé, Jennifer Chary encourt jusqu'à cinq ans de prison...
Elle devait se marier le 11 avril à Dijon, il sera expulsé vers le Maroc le 2 avril. Elle, c'est Jennifer Chary, une dijonnaise de 23 ans qui a aidé un réfugié marocain, son concubin, sans en avoir le droit. La jeune française comparaîtra lundi 9 mai pour «aide au séjour irrégulier» de l'homme avec qui elle partageait sa vie depuis 10 mois, M'Hamed Naïmi. L'association Les Amoureux au ban public dénonce une «criminalisation de la vie amoureuse» tandis que de leur côté, la Cimade et Réseau Éducation sans frontières en appellent ce mercredi à l'opinion publique. Les deux associations organiseront une manifestation devant le tribunal correctionnel de Dijon le jour où Jennifer Chary comparaîtra. Elle encourt jusqu'à cinq ans de prison et 30.000 euros d'amendes.
M'Hamed Naïmi est arrivé en France en 2006. Depuis, il n'a jamais renouvelé son titre de séjour de six mois. Le jeune homme âgé de 24 ans a été interpellé le 16 mars dernier, puis placé en centre de rétention de Lyon jusqu'à son expulsion le 2 avril.
144 personnalités reprennent le flambeau
Très vite, l'histoire de Jennifer Chary est devenue un symbole de l'aide aux migrants sans papiers. Cité en exemple par le collectif Les Amoureux au ban public lors d'une conférence de presse de presse fin avril, qui avait alors parlé de "criminalisation de la vie amoureuse" par les pouvoirs publics, le cas de Jennifer Chary a permis de médiatiser ce que l'on connaît maintenant sous le nom d'«entraide humaine». Ce mercredi, une liste de 144 personnalités ayant aidé un réfugié ou prêtes à le faire, reprenait le flambeau dans les pages du journal satirique «Siné Hebdo».
Le 7 avril, Eric Besson soutenait qu'en «65 années d'application de la loi, personne en France n'a jamais été condamné pour avoir seulement accueilli, accompagné ou hébergé un étranger en situation irrégulière.» Sur son site, le Gisti (Groupe d'information et de soutien des immigrés) affirme le contraire et produit une liste de 29 condamnations ou poursuites de «délinquants solidaires» ayant apporté leur aide aux sans-papiers. L'association Les Amoureux au ban public assure elle avoir été contactée par quelques 2000 couples rien qu'en 2008.Philippe MARX - Agir ! Réagir !