Le dossier "Vouloir un enfant" du magazine Psychologies de mai

Publié le 06 mai 2009 par Theclelescinqt

Psychologies, c'est un peu léger parfois, un peu racoleur et commercial (cf. l'interview de Penelope Cruz ou la publicité en double-page Weight Watchers, mais il faut bien vivre!) mais ce magazine a le mérite de soulever des dossiers qui nous questionnent tous.

Ainsi, le numéro de mai propose un dossier de plus de 20 pages sur le "désir d'être parent." Bon sujet. Ainsi, rien ne me hérisse plus le poil que d'entendre dire que (de nos jours) on "a le choix" d'avoir ou non des enfants (et que donc il ne faut pas se plaindre de sa manière de vivre sa parentalité quand on en a). Bien que ce soit techniquement vrai, autant dire à quelqu'un de malheureux de ne pas se plaindre car après tout, il a "choisi de rester en vie", ou à quelqu'un qui ne supporte plus son lieu de travail de ne pas se plaindre car il n'a "qu'à partir." Pas toujours si simple. Une bonne solution serait de nous interroger sur le pourquoi de nos sentiments, le pourquoi des situations que nous vivons, afin de mieux vivre ce que nous avons à faire pour mille raisons, et ce magazine, mis à part la légèreté de certains sujets, y contribue, de manière populaire qui plus est.

C'est le printemps, donc en route pour le désir d'enfant. Ce dossier intéressera certainement tous les parents récents (il ne faut pas me raconter d'histoires, j'en ai fait trois au printemps, et je sais très bien que dès avril les maternités sont bondées; question désir d'enfant, à la fin des grandes vacances, ça ne plaisante pas!)

Ca commence par "Le choix d'une vie", où l'on nous rappelle que cette anecdote nous "engage totalement." Sans blague. Dix ans après les début de mon expérience parentale, c'est encore pour moi la fête quand je sors dans la rue sans poussette.

Mais il s'agit "d'un choix qui n'en est pas complètement un " car "notre inconscient, notre famille et les normes sociales pèsent sur notre décision." Merci...Violaine Gelly. Je n'aurais pas dit mieux moi-même.

Mais un choix aussi "troublé par les progrès de la science" car "les nouvelles techniques médicales repoussent les limites de la fertilité et créent de faux espoirs." Autrement dit, essayons de faire nos gosses avant 37 ans, âge où la fécondité baisse très dangereusement. J'ai bien fait, finalement, d'en faire quatre de 26 à 33 ans, au détriment d'une fabuleuse carrière, sinon Dieu sait ce qui serait advenu!

Les chiffres ne sont pas en reste : vous vouliez savoir combien d'enfants sont nés en France en 2007 ? 785 985, l'âge moyen des mères pour une première naissance étant de 27,8 ans. Je sais, j'étais un peu en avance. Et je n'ai toujours pas rattrapé mon retard.

Notre indice conjoncturel de fécondité en France est actuellement de 2,02. Nous sommes moins feignasses que du temps de mes cours d'histoire-géo au collège. (A mon avis la CAF y est pour quelque chose.)

5% des naissances sont obtenues à l'issue d'un traitement ou d'une technique médicale. Je compatis.

20% des tentatives de procréation médicalement assistées conduisent à la naissance d'un enfant avant 40 ans, 3% avant 45 ans. C'est bien ce que nous disions, il ne faut pas trop traîner quand même.

Puis un entretien avec Monique Bydlowski, "neuropsychiatre et psychanalyste", met en exergue le fait que "Le désir d'enfant échappe souvent à notre volonté." Merci Madame, je n'aurais toujours pas mieux dit. En ce qui me concerne cela partait dans tous les sens et je n'ai rien rattrapé du tout, d'ailleurs encore....

Puis, la page 74 nous propose de se poser "quatre questions" pour "savoir si l'on est prêt". C'est bien ce que je disais, un peu léger léger. Sache, lecteur, que si tu lis cette page-là et que tu t'interroges sérieusement avec les questions proposées, c'est que tu n'es pas prêt, point.

Un témoignage, ensuite, "J'ai décidé d'adopter seule." Crédible, la dame, mais quelle idée! Des enfants seule exprès, je n'en voudrais pas...! Mais c'est un avis personnel. J'ai cherché désespément une interview ayant pour titre "J'aime mes gosses mais c'est l'internat qui les élève", mais je n'ai rien trouvé. Si vous avez été à l'internat ou si vous y avez mis vos gosses, contactez-moi! Moi je publierai votre interview!!!

Ah, un article a (un peu) attiré mon attention, page 80 : "La tentation du petit dernier", tentation vite refoulée de lire l'article pour ma part, qui ne ferais de petit dernier qu'en cas de gain de plus de 50 millions d'euro au loto. Petit écueil : je n'ai jamais joué au loto. Donc pas de petit dernier. Bon, quatre, cinq avec mon petit beau-fils que j'élève aussi un peu, c'est pas mal, non ? Comme dirait ma mère, j'ai fait mon "boulot de citoyenne.." (gloups!)

Passons...

"Nous avons renoncé", annoncent page 86 Claire et Philippe, 44 et 52 ans, projet qui me semble plus intéressant. Une vie sans enfant... Quel objet étrange non identifié! Quel intérêt de ma part! Je ne les envie pas, mais "l'esthétique" de la chose, quand elle est enfin acceptée et admise, me semble fascinante...et difficile...

Puis double page de pub pour le Big Mac au pain complet (les lecteurs de Psychologies font attention à tout, et Mac Do fait bien attention aussi à ne pas tomber dans de fameux procès pour malbouffe généralisée à l'internationale, ils sont fous ces américains...)

Le dossier parentalité était fini...

Sur le net, toutefois, séance de rattrapage :

-Chat "Faire un enfant, pourquoi?" : Geneviève Delaisi de Parseval est psychanalyste, spécialiste de la parentalité, et répond en direct à toutes les questions de 14 mai de 14 h30 à 16 h30.

-Test : "Que signifie faire un enfant pour vous? "

-Témoignages : "Pourquoi avez-vous fait un enfant?" De nombreux internautes ont répondu à la question.

-Forum "Désir d'enfant": envie de raconter et partager votre désir d'enfant?

Rendez-vous sur Psychologies.com.

Finalement, bien que je n'aie pas lu tout le magazine, loin de là - vous n'imaginez pas comme mes journées filent vite sans faire grand chose d'ailleurs, enfin d'intéressant - c'est l'entretien page 129 avec Anne Ancelin Schützenberger, 90 ans, fondatrice de la psychogéanalogie, qui me semble le plus roboratif, à l'occasion de la sortie de son autobiographie "Le plaisir de vivre", chez Payot. La psychogénéalogie affirme que nos destins sont marqués par ceux de nos ancêtres sur plusieurs générations, ce qui pourrait à juste titre susciter une certaine méfiance.

Merci, je n'aurais toujours pas encore dit mieux moi-même. C'est malgré tout le sujet qui me semble le plus intéressant depuis l'invention de la psychanalyse. Un thème qui me touche profondément, ainsi que ma conviction que pour éclairer un être toutes les sciences humaines, littéraires et artistiques, en sus des "sciences dures", sont nécessaires. Un individu n'est pas tout seul au milieu de rien, il est façonné par son environnement. Si tu veux savoir ce que vont devenir tes enfants, regarde dans quel environnement tu le plonges, présent et passé. Et le passé n'est pas que son passé au coeur de sa famille nucléaire, c'est aussi le passé raconté, secrets, bribes d'informations, comportements ténus transmis de manière anodine,...

En tout cas, à chaque fois que j'ai bénéficié d'une nouvelle information familiale, j'ai un peu mieux compris les gens. L'ennui, c'est qu'il est souvent - du moins chez nous - de mauvais goût de parler, de discuter, et de se raconter...

Dommage... Moi, ça ne me dérange pas, ce qui ne semble pas vous étonner.