Quelle est la différence entre Olivier Besancenot et Arlette Laguiller? Qu’est-ce qui les unit et qu’est-ce qui les sépare? S’aiment-t-ils, ou bien, ils se détestent, malgré leur buts communs: la révolution et la lutte des travailleurs contre les méchants capitalistes? Qui d’entre eux a mieux réussi à s’approprier la marque “REVOLUTION”, et en effet pourrait-il y avoir une “coexistence pacifique” entre ces deux “mastodontes malgré eux” de l’extrême gauche?
En se servant des bonnes vieilles recettes du marché, Olivier Besancenot s’est “positionné” sur les plates-bandes de la vieillissante “Lutte ouvrière” d’Arlette Laguiller, et lui a piqué la niche commerciale et .. les électeurs par la même occasion. Car, pour commencer avec le début, le vrai mal français (certains l’appelleront la spécificité française) est bien l’existence d’un “marché des électeurs d’extrême gauche”, avoisinant près de 10% des électeurs en France. Dernièrement, sa survie est principalement due à la faiblesse du PS, et son incapacité de structurer son discours, et de créer une dynamique pour “anéantir” politiquement “les-plus-à-gauche-du-PS”, à la manière dont Sarkozy a fait disparaître le vieil animal politique qu’était le Pen et son “Front”. D’autre part, la dégringolade du PC y est aussi pour quelque chose, mais allez savoir si Olivier l’a provoquée ou bien la faiblesse du PC a créé le NPA. Entre la poule et l’oeuf…
Il est clair qu’en termes de markéting politique Olivier Besancenot s’y connaît mieux qu’Arlette, car il soigne son image, son discours, et essaye surtout de développer une marque: “la Révolution à la française”. Je me demande d’ailleurs, comment concrètement il envisage son déroulement en France. Le paradoxe réside dans le fait que si le discours du camarade Besancenot porte sur l’anticapitalisme, les outils pour promouvoir le NPA restent impregnés des meilleures pratiques du markéting politique occidental.
- Il crée notamment un parti anticapitaliste. Mais attention, pas n’importe lequel, c’est le “Nouveau” Parti Anticapitaliste, visant de nouveaux électeurs et de nouveaux horizons politiques. Cela représente en effet une vieille ruse des stratégies de markéting, que de rajouter “nouveau” et de continuer à l’ancienne.. En 2000 la célèbre police londonienne a changé de nom, et le vieux “Scotland Yard” s’est transformé par un coup de baguette magique en “New Scotland Yard”. Je n’ai jamais su quels nouveaux types d’activités ont été développés depuis par cette institution..
- La ségmentation du marché politique étant acquise, Olivier essaye également de s’approprier une couleur: “le Rouge”. Au passage est-ce que les producteurs viticoles de la région de Bordeaux s’en réjouiront de cette AOC: Appélation par Olivier Contrôlée?
- Comme tout markéteur habile, il crée un slogan pour le parti : “Maintenant”. Cela a l’avantage au moins d’être intemporel. Vous ouvrez leur site web dans 10 ans, le slogan n’aura pris une seule ride: “Maintenant” c’est passe-partout, et toujours d’actualité.
- Le NPA se dote également d’un symbole, le mégaphone, de couleur rouge évidemment. Le message qui s’y cache est à décrypter de la manière suivante: “On ne sait pas si l’on va réussir à changer quelque chose dans votre vie, mais en tout cas, on fera beaucoup de bruit”. Avis au créateur du logo: ce mégaphone me rappelle plutôt un sèche-cheveux, il est à changer d’emblée!
Alors quid des communistes ringards et le PS vieillissant. Le nouveau parti du camarade Besancenot, n’est pas communiste, il est anti-capitaliste. Il ne sera pas composé de gens qui se battent “pour” des idées, mais de gens qui se battent “contre” les idées des autres. Vous voyez le progrès? Car, afin de se battre “pour” des idées, il faut en avoir, il faut aussi des bases politiques et philosophiques. Marx, Engels, Trotsky, Hegel, Lénine? En politique, il ne suffit plus de se définir par la négation, surtout quand, d’après les sondages, Besancenot serait la troisième personnalité politique la plus populaire en France, et meilleur opposant à la politique de Nicolas Sarkozy. La justification de la raison d’être du NPA par le besoin d’un “nouveau Mai 68″ paraît manquer d’étoffe.
A la lumière de tout cela, et de manière un peu simpliste je ferai le pronostic, tout à fait subjectif et personnel, que sur le long terme Olivier Besancenot aura le plus grand mal à se démarquer politiquement d’Arlette Laguiller.