Pour les Nations Unies, l’écologie politique est le seul scénario vivable pour les générations futures.

Publié le 06 mai 2009 par Dominique Lemoine @lemoinedo

Selon Achim Steiner, directeur du Programme des Nations Unis pour l’Environnement [PNUE], « la destruction des ressources naturelles sous la pression d’un modèle économique dépassé a atteint un point où la viabilité des économies est en danger et où la facture que nous laisserons à nos enfants sera impossible à payer ».
Vingt ans après le rapport Brundtland qui avait pour la première fois développé le concept de développement soutenable (traduit en développement durable), la majorité des indicateurs est actuellement au rouge : climat (rapports 2008 du GIEC), biodiversité (extinction de nombreuses espèces), pollution (celle de l’air serait responsable de 500 000 morts par an selon l’OMS), modification et pollution des sols …
Le contraste est marqué entre la pression écologique que subit la biosphère et l’expansion économique qui a fait passer le produit annuel par être humain de 6000 dollars à 8000 dollars en 20 ans (1987 à 2007).
Le rapport insiste sur les injustices sociales qui accompagnent régulièrement les injustices environnementales qui affectent surtout les plus pauvres. Ces dernières années on constate une augmentation des inégalités qui devient insupportable : certaines zones accomplissent des progrès environnementaux prodigieux chez elles …. aux dépens d’autres régions où elles ont transféré leurs sites de production !
Le PNUE a fait réaliser quatre simulations pour 2050 en partant de quatre scénarios possibles. Ce travail, élaboré par plusieurs groupes d’experts internationaux, est réalisé à l'aide de modèles de prospective existants.
Les quatre grands scénarios sont basés sur des modèles de développement différents qui privilégient :
  • Le Marché où les dirigeants aident le secteur privé à atteindre une croissance économique maximale
  • La Politique où les dirigeants mettent en place des politiques fortes afin d’atteindre l’objectif tout en accordant toujours beaucoup d’importance au développement économique
  • La Sécurité qui met l’accent sur la recherche de la sécurité qui doit l’emporter sur toutes les autres valeurs et qui place des limites croissantes sur la façon dont les gens vivent
  • L’écologie qui implique une collaboration entre les gouvernement, la société civile et le secteur privé pour préserver réellement l’environnement et le bien-être de tous.
Le scénario « le marché d'abord » poursuit la logique dominante des années 90 : il suppose que la population mondiale atteindra 9 milliards d’individus en 2050 et que la croissance multipliera par 5 le PIB mondial.
Ce scénario aboutit à une situation écologique dégradée en 2050 dans laquelle l’environnement et le marché évoluent vers des points de basculement soudain et irréversible.
La poursuite de la libéralisation apparaît ainsi comme le scénario le plus risqué et les experts rappellent que la logique écologique est incompatible avec le recherche illimitée de la croissance économique : » la perte de la biodiversité et le changement climatique ont des conséquences irréversibles, que la croissance des revenus ne peut résoudre ;
En revanche et sans surprise, le scénario l'écologique d'abord est le seul capable d'atteindre l’objectif d’amoindrir l’ampleur de la crise écologique. Il passe non pas par la décroissance globale mais par la décroissance des émissions de gaz à effet de serre (prise en compte du facteur 4) et de notre empreinte écologique.
Il prévoit également les scénarios de souveraineté alimentaire des peuples ainsi que la relocalisation d’une véritable économie verte (l’économie verte intégrée au premier niveau la dimension sociale).
Chacun peut relire à l’aune de la crise que nous traversons aujourd’hui le rapport 2007 du PNUE (site : www.unep.org/geo) et, même si nous constatons que de nombreux politiques souhaitent « faire le dos rond » en attendant la sortie de crise pour mieux recommencer comme avant, il est évident que la communauté mondiale devrait s’engager vers de nouveaux modes de régulation de l’économie en prévoyant notamment le soutien de "l'Economie Verte" qui est la seule à porter en elle la dimension sociale, humaine, environnementale et qui est créatrice de nombreux emplois.
Bien évidemment, l'économie verte nécessite de revisiter complètement notre mode de fonctionnement et de revoir la définition du PIB en intégrant de nouveaux paramètres comme ceux de la durabilité, de nos ressources non renouvelables (qui doit être considéré comme un bien commun à l'humanité) mais également de la qualité de vie.
Dominique Lemoine