Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué?!

Publié le 06 mai 2009 par Wilverge


Île de Pâques, Chili
N'ayant finalement pas continué notre marche autour de l'île, il nous reste beaucoup à voir.
- Holà, nous voudrions louer un scooter pour la journée.
- Parfait, avez-vous votre permis de moto, car au Chili nous l'exigeons.
Voilà ce que nous nous faisons répondre dans toutes les boutiques de location de l'île. Il n'y a pas à dire, il y en a qui veulent vraiment compliquer notre visite de l'île. Nous devrons encore changer nos plans. Nous qui pensions visiter les différents points d'intérêts tranquillement en motorisé sans trop d'effort, eh bien c'est raté.
Que nous reste-t-il comme option n'ayant tous les deux plus de permis de conduire?
- Ils sont combien les vélos?!
Après avoir bien ri de nous suite à l'explication de notre plan, le padé en chemise à fleurs nous remet les deux meilleures bicyclettes du camping, que l'on n'essaie pas vraiment, parce que de toute façon, ce sont les meilleures! Rien de moins.
4 heures du matin, le réveil sonne dans notre petite tente bleue. Il est l'heure, nous avons rendez-vous avec les moaïs à 20 kilomètres d'ici. Pourquoi si tôt? Pour « la » photo.
Nous partons donc dans le noir d'une nuit nuageuse et sans lune. Avant d'enfourcher nos bolides, notre super lampe de poche rose et turquoise à qui nous venons tout juste d'offrir deux piles neuves, décide qu'elle en a assez de notre compagnie et s'éteint. Même après quelques petites tapes dans le dos, elle ne reprend toujours pas goût à la vie. Ils y en a qui ont le don de nous lâcher au mauvais moment.
Nous partons quand même sur les routes malgré l'obscurité totale car, mise à part les quelques rues du village d'Hanga Roa, il n'y a aucun lampadaire.
Il ne me faut pas plus de quelques kilomètres, des énormes nids-de-poule, quelques sorties de route, et la prise de conscience que je n'ai pratiquement pas de freins pour que je me dise; dans quel plan maudit je viens de m'embarquer, encore!
Will éclaire momentanément la route avec une petite lampe de poche de porte-clef que l'on doit presser quand on cherche la serrure de l'auto. Pas le choix sinon je manque souvent de lui rentrer dedans tellement on ne voit rien.
C'est avec les fesses en compote et une crampe dans le pouce pour Will que nous atteignons enfin le principal point d'intérêt de l'île : l'Ahu Tongariki. Ici, au bord de la mer, sont alignés 15 moaïs sur 200 mètres de long. Nous ne voyons rien pour le moment, car le soleil n'est pas levé mais, en mangeant nos tartines, nous attendons impatiemment le spectacle.
Nous aurons eu le temps de voir arriver tous les gens en voiture pour finalement observer un soleil timide derrière des nuages qui annoncent une journée de pluie! Pas de chance. La photo en valait tout de même la peine, à vous d'en juger.

Puis, arrivés au volcan Rano Raraku, lieu de naissance des hommes de pierres, le ciel nous tombe sur la tête ici où il ne pleut presque jamais. On prend alors un café et une mangue fraîche avec le garde de parc espérant une éclaircie. Je suis déjà trempée et couverte de boue.
C'est sous une bruine entre deux pluies que nous visitons ce lieu de culte. C'est ici que les sculpteurs créaient leurs œuvres. À même la montagne, on les taillait dans la pierre volcanique avant de les détacher de la montagne pour les emmener vers leur destination finale généralement au bord de la mer.

Ces monstres illustrent bien le travail colossal que cela devait être. Quand on se dit que le plus grand érigé mesure 10 mètres et pèse 75 tonnes, on comprend qu'ici, il y en a un de 21 mètres estimé à 270 tonnes qui soit resté inachevé. Il est encore là, couché dans la paroi du volcan, à attendre que quelqu'un lui donne vie.
Sinon, tout autour du site, des dizaines de têtes de statues inachevées plantées dans le sol. C'est vraiment impressionnant.

C'est en remontant sur notre monture qu'il se remet à faire soleil. On ne peut pas être que malchanceux! Nous roulons tranquillement au bord de la mer, côtoyant les troupeaux de vaches. La vie est belle mais, je commence à avoir ma journée dans le corps.
Pas de panique, il ne reste qu'un site à voir. J'ai ultra mal aux fesses mais, comme la chance est avec moi, la route est toute en montant pour changer le mal de place.
Ahu Akivi est notre dernière destination. Sept gardiens cette fois face à la mer y sont dressés. Ce sont les seuls dans cette position. On ne sait pas vraiment pourquoi, certains disent que ce serait pour protéger l'île? Mais bon, cela semble être encore un autre mystère.
Nous sommes plus chanceux que ce matin, après de trois petites heures d'attente, le soleil se couche projetant de magnifiques couleurs.

Au retour, nous nous disons; pourquoi passer par la route quand nous pouvons prendre un raccourci?
Comme tout le monde le sait, vouloir prendre un raccourci quand tu ne connais pas les alentours n'est jamais une bonne chose. Je le confirme encore une fois car, nous avons dû prendre le pire chemin possible de l'île.
Une descente dans un chemin de roche semi éclairé car, je vous rappelle que nous venons de quitter un superbe coucher de soleil et le tout, encore en déficit de frein et de suspension efficace. C'était génial…
Alors ce soir, si on me demande; t'as roulé combien, comme on dit je crois dans le monde des cyclistes? Je réponds : un peu plus de 60 kilomètres et je ne peux plus m'asseoir!
- Nad la future Lance Armstrong!