Sommet de l’OTAN, The Best Of

Publié le 06 mai 2009 par Subjectif

60 ans dans la vie d’une organisation internationale, cela se fête. Ce qu’on a vu à Strasbourg était plutôt d’un autre registre. Les seuls qui ont interprêté librement ce message étaient les casseurs des Black Blocks, qui avaient certainement en tête une seule rengaine “pour les 60 ans de l’OTAN, ça va êt’ vot’ fête..”.

Qu’est-ce qu’on va retenir quand-même de ce sommet?

  • Le retour de la France dans le commandement militaire intégré de l’OTAN. Le symbole est fort. Vous êtes pour ou contre, le fait est que cette organisation est le moteur de la coopération transatlantique, malgré le fait qu’elle continue toujours de se chercher une identité après la dissolution de sa contrepartie à l’Est, le Bloc de Warsowie. D’autre part ce retour a été rendu possible par le fait que la France a terminé avec les essais nucléaires réels au début du mandat du Président Chirac, et elle peut rejoindre le cadre de l’OTAN, qui la privait de son indépendance dans ce domaine à l’époque de De Gaulle.
  • La présence policière appuyée à l’occasion du Sommet: 15 000 policiers du côté allemand, 9 000 côté français. (Les autorités ont oublié par contre de mobiliser les pompiers, cela aurait épargné trois à quatre incendies majeures à Strasbourg)
  • La casse. Malgré le cordon policier important qui avait encerclé la ville, les casseurs ont cassé. En effet, c’est un peu comme dans la zone Schenghen, les contrôles sont renforcés à l’extérieur, mais à l’intérieur vous pouvez vous “lâcher”.
  • Strasbourg ressemblait à une ville fantôme à deux jours de l’événement, tant les mesures de sécurité avaient réussi à créer une peur au sein de la population strasbourgeoise et outre-Rhin. D’ailleurs, beaucoup avaient préféré quitter la ville pour éviter des ennuis. On comprend bien que ce n’est pas le sommet de l’UNESCO, mais celui de l’OTAN, mais où sont les limites d’un tel exercice? A-t-on vraiment besoin de se sentir en état de guerre, pour prêter attention à l’événement? En plus, cela n’arrangeait rien pour le côté festif de la chose.
  • Le paradoxe: Obama parle devant 30 000 personnes à Prague, qu’il qualifie de “centre de l’Europe”. A Strasbourg le manque d’un tel événement a contribué à enlever de la force symbolique de cette première visite du Président américain, dans une ville réconciliée, misant sur son image d’ouverture et de carrefour de l’Europe. Son discours fort a été délivré à Prague, pas à Strasbourg.
  • Dernière image poignante: il Cavaliere vs. la Chancelière. Rien n’effacera l’image du Chef du gouvernement italien parlant sur son telefonino pendant 10 minutes le dos tourné à son hôte, la Chancelière allemande Merkel. Quels en étaient les motifs? Le désaccord entre Obama et Berlusconi, venant de deux horizons politiques différents? Le manque de respect pour le Sommet de l’OTAN? Ou bien pour Angela Merkel? Le fait est que dans les annales restera cette photo de famille orpheline de 27 chefs d’état des pays membres de l’OTAN, dans laquelle Berlusconi n’était pas présent. On pourra proposer la photo pour un test d’accès pour le recrutement de nouveaux fonctionnaires à l’OTAN, avec une question adjacente: “Sommet de l’OTAN, Strasbourg-Kehl/Baden-Baden 3-4 avril 2009, quel chef d’état manque sur la photo?”

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