Les radicaux libres que traquent les fameux antioxydants pourraient être une conséquence et non une cause du vieillissement, selon un biologiste de l'Université McGill qui remet en question l'utilité des antioxydants pour ralentir le vieillissement
Dans une étude publiée dans le numéro de février de la revue PLoS Genetics, le biologiste Siegfried Hekimi remet en question la théorie du stress oxydatif, principale explication de notre vieillissement depuis 40 ans. Selon cette théorie, l'accumulation de radicaux libres, d'ions d'oxygène et de peroxydes dans les cellules empêche ces dernières de réparer les lésions causées par ces molécules, ce qui favorise leur détérioration.
Cette théorie a mené à la commercialisation de nombreux produits antioxydants tels que les suppléments de vitamine E ou de coenzyme Q10 à très fortes doses, et cela même si les essais cliniques n'ont pas démontré si ces traitements avaient des effets statistiquement significatifs.
Les résultats des travaux du Pr Hekimi font peser un doute sur l'ensemble de la théorie. En effet, ils montrent que certains organismes vivent en réalité plus longtemps lorsque leur aptitude à éliminer les molécules toxiques accumulées dans leurs cellules est partiellement neutralisée.
En théorie, les vers (Caenorhabditis elegans) chez qui on a désactivé cinq gènes responsables de la production de protéines neutralisant ces molécules toxiques auraient dû mourir prématurément, preuve de l'augmentation du stress oxydatif dans leur organisme. Les chercheurs ont plutôt constaté que la durée de vie de leurs vers mutants n'avait pas diminué par rapport à celle des vers de type sauvage. Certains ont même vécu plus longtemps.
Fruit ou cause du vieillissement?
Ces résultats font dire au Pr Hekimi que les preuves à l'appui de la théorie du stress oxydatif sont circonstancielles. Autrement dit, ce stress pourrait tout aussi bien être le fruit du vieillissement que sa cause.
«Le défaut de cette théorie est qu'elle repose exclusivement sur des données corrélatives, sur le poids de la preuve, explique le biologiste dans un communiqué. Il est vrai que plus un organisme semble âgé (que ce soit en termes de maladie, d'apparence ou de tout ce qu'il possible de mesurer), plus il semble souffrir de stress oxydatif.» Le Pr Hekimi croit cependant que les apparences sont trompeuses.
Le chercheur s'empresse néanmoins de préciser que son équipe ne veut pas insinuer que le stress oxydatif est bon pour la santé. «Il ne fait aucun doute que les espèces réactives de l'oxygène sont nocives pour l'organisme. Mais elles ne semblent toutefois pas être en cause dans le vieillissement.»
Quant aux autres effets protecteurs des antioxydants, par exemple leur utilité contre le cancer, précisons que le biologiste ne les a pas étudiés.
Bonne journée,
marie claude
Par Catherine Crépeau, Édimestre (servicevie.com)