Cela fait des mois que je défends en quelque sorte "X-Men Origins : Wolverine" (même si le long métrage n’a pas vraiment besoin de moi) et je dois vous faire un aveu aujourd’hui en toute franchise : j’ai vu le film ce matin dans l’imposante salle du Grand Rex (donc des conditions exceptionnelles) et je suis plus que réservé. Il y a du très bon et du passable, voire du médiocre.
Mon enthousiasme initial de fan ne m’aveugle pas.
Wolverine alias Logan ou Serval (pour la France) est un personnage charismatique par excellence, une figure emblématique. Enfant je me prenais pour le mutant aux griffes faites (ainsi que tout le squelette) en Adamantium. J’ai toujours eu une très forte sympathie pour ce super héros aux qualités exceptionnelles. Avec Cyclope il est mon mutant préféré.
Dans les deux premiers volets de la saga X-Men, Wolverine, à la recherche de son passé, bénéficiait d’une exposition maximale, d’un traitement approprié et d’une interprétation de très haut vol en la personne Hugh Jackman.
L’idée d’un spin-off consacrée aux origines de Wolverine était et restera une judicieuse idée tant le mutant suscite d’interrogations. Restait à savoir comment Gavin Hood allait s’en dépêtrer ?
Le résultat est on ne peut plus mitigé comme je le disais plus haut.
"X-Men Origins : Wolverine" s’inscrit tout d’abord dans la droite ligne des deux premiers volets de la franchise X-Men en mettant le focus sur Wolverine mais la tentative pour faire oublier le 3ème volet catastrophique, opinion qui n’engage que moi, est assez maladroite.
Le long métrage reste un film qui privilégie l’action et le mouvement. Les scènes sont très efficaces. La séquence d’ouverture est remarquablement bien maîtrisée. Le passé de Logan nous explose en pleine figure avec force et détermination. Gavin Hood ouvre son film avec savoir faire. Le reste de l’œuvre est perpétuellement fait de cet entrain jouissif. Le rythme est constant et le réalisateur fait rebondir sans cesse son film avec des fusillades et des combats disséminés avec soin.
Je vais régler la fameuse question des "origines" de Wolverine : il n’y en a pas ou si peu que c’est désolant. La problématique est rapidement évacuée. On sait juste que Logan enfant est malade. C’est bien maigre. A mon sens les scénaristes se sont compliqués la tâche et que leurs ambitions étaient démesurées. Le passé de Woverine aurait du être plus simple, plus lisible. D'autant plus navrant que la mythologie du personnage est incroyablement élaborée et riche.
Je ne sais pas si le comic book remonte jusqu’à l’enfance de notre héros mais j’ai trouvé ce lien avec le passé bien faible. Plus généralement c’est le scénario du film qui pêche.
Au lieu de centrer l’objectif sur quelques super héros bien choisis pour accompagner ou combattre Wolverine, nous avons le droit à un défilé continu de mutants qui ne font que des passages anecdotiques. Une seule fois, lors de l’attaque de l’immeuble en Afrique, une véritable équipe de mutants est réunie. Ces apparitions de "Guest Stars" (Gambit, Le Blob...) plombent le long métrage. Nous n’avons le temps de nous attacher à ces êtres incroyables ou de nous attarder sur la psychologie des personnages. Le long métrage avance de manière mécanique.
L’ancrage dans l’univers des X-Men est poussif. Le final qui voit apparaître Charles Xavier sonne creux. Ces clins d’œil ne peuvent pas satisfaire les fans qui s’attendaient à voir une vraie passerelle avec l’univers des mutants. Je suis conscient que nous ne pouvions pas retrouver les mêmes personnages que dans la franchise initiale mais les clins d’œil fait ici font naître de grands espoirs mais le soufflet retombe bien vite.
Dans le déroulement du long métrage j’ai particulièrement apprécié le moment où Wolverine décide de participer au projet "Weapon X" même si je pense que la séquence est trop courte. J’aurai bien aimé que le moment soit plus dense, plus intense. L’administration d’Adamantium aurait pu être l’un des sommets de "X-Men Origins : Wolverine" mais reste banalisé et sans véritable dramaturgie. A l’inverse le film développe des moments de l’histoire bien trop longs, voire répétitifs (les séquences au grand air du Canada).
Le film manque cruellement de méchants à l’âme sombre. Seul "Dents de Sabre" (Liev Schreiber) émerge du lot. Les affrontements avec Wolverine sont puissants, racés même si la violence semble contenue. La peur d’une quelconque interdiction d'âge limite pour les spectateurs a du passer par là. Bien dommage.
Au rayon des déceptions j’ai trouvé que l’affrontement final entre Wolverine et l’arme XI est expédié à la vitesse de l’éclair.
Mais le gros point noir du film concerne ses effets spéciaux. Je suis plutôt le genre de cinéphile qui fait les louanges d’une technique bien maîtrisée au service d’une œuvre pour me permettre aujourd’hui de critiquer avec force des effets à la qualité plus que douteuse.
L’exemple le plus frappant concerne les griffes de Wolverine. Leur aspect fait parfois penser à du plastique de médiocre facture et n’a pas l’éclat et la froideur d’un alliage métallique extraordinaire.
Sur une grosse production comme "X-Men Origins : Wolverin" il y a une, deux, voire trois équipes de tournages qui oeuvrent sur des lieux différents. Pour réaliser la post-production, plusieurs compagnies de FX sont sollicitées pour assurer une lourde charge de travail.
Ici nous avons l’impression que chacun a bossé dans son coin et qu’il n’y a pas d’unité formelle. Les éléments de qualité (les premiers agissements de Scott/Cyclope sont de très bonne facture et nous évoquent les deux premiers X-Men) voisinent avec des séquences qui laissent plus que circonspect (la catapultage de Logan sur l’hélicoptère de l’agent Zéro).
Au rayon des satisfactions je me dois de rendre hommage au talent de Hugh Jackman qui est irréprochable et qui endosse le costume du super héros avec une très grande classe. Son travail est remarquable. A ses côtés Liev Schreiber est la révélation du long métrage et finit presque par voler la vedette à Wolverine. Son personnage a bénéficié d’un "cadrage" parfait et sa bestialité explose pleinement.
"X-Men Origins : Wolverine" est un long métrage qui ne sort pas des sentiers battus. La tentative d’ancrage dans un ensemble déjà existant (et en devenir) nous prive d’une lecture transversale, atypique. A l’opposé de la veine actuelle de personnages bien sombres, Wolverine est un long métrage qui ne sort pas des rails. Les surprises ne sont pas au rendez vous. Je m’attendais à voir un long métrage original, épique, puissant et j’ai l’impression d’avoir assisté à la projection d’un spectacle de commande, calibré à souhait.
Même si l’ensemble est bien plus que regardable, Wolverine, personnage emblématique et hors normes, méritait du panache et de la flamboyance.