Le recul du trafic aérien approche peut-ętre de son point bas.
Les dirigeants de compagnies aériennes ont plus que jamais les yeux rivés sur les statistiques de trafic. Le crayon ŕ la main, ils se penchent sur les colonnes de chiffres, ŕ la recherche du moindre indice, non pas de reprise, mais d’un ralentissement de la dégradation.
Ils viennent ainsi de repérer une toute petite lueur d’espoir dans les données préliminaires d’avril de l’Association of European Airlines relatives au fret. Ce dernier, baromčtre économique infaillible, a reculé de 19,6% au cours du premier trimestre 2009 mais de 17,1% Ťseulementť en mars, une indication ténue dont il serait évidemment prématuré de tirer de quelconques conclusions. Si ce n’est que les compagnies aériennes arrivent peut-ętre au fond du trou, prélude ŕ une lente remontée.
Les statistiques de l’AEA pour l’ensemble du premier trimestre donnent une idée précise du drame qui se joue sous nos yeux. Le nombre de passagers a reculé de 9,5%, le trafic ŕ proprement parler de 7,3% (en passagers/kilomčtres), la capacité offerte a été réduite de 3,7% et le coefficient moyen d’occupation des sičges a encore reculé de prčs de 3 points. En d’autres termes, cela reste trčs mauvais.
Les trois grandes compagnies qui donnent le ton au pavillon européen résistent un peu mieux que d’autres. En nombre de passagers transportés, Air France a reculé de 8,9%, British Airways de 7,5% et Lufthansa de 7,3%. Toutes trois ont subi un tassement de coefficient d’occupation, ne parvenant pas ŕ réduire leur offre suffisamment vite ou étant surprises par l’ampleur du recul de la demande sur certains réseaux.
En prenant en considération les passagers/kilomčtres transportés, les trois ténors mis ŕ part, la situation est trčs contrastée tout en faisant apparaître quelques cas particuličrement difficiles. On remarque aussi que la nouvelle Alitalia a curieusement disparu des statistiques de l’AEA, sans que l’on sache pour autant ce que signifie cette absence. On le regrette tant est grande la curiosité qui entoure le nouveau départ italien.
Pour le reste, le recul le plus spectaculaire du premier trimestre est celui d’Icelandair, 29,9%, ŕ l’image de l’effondrement de l’ensemble de l’économie du petit Etat insulaire. La hongroise Malev va presque aussi mal avec un recul de 28,3%. En queue de peloton, on trouve d’autres grands malades de la récession comme Austrian, CSA, Luxair, Olympic et Tarom qui affichent de trčs mauvais chiffres. Côté fret, cela va trčs mal partout avec, nous l’avons dit, un fragile début de début d’espoir d’un minuscule petit mieux. Cela s’appelle s’accrocher ŕ la plus ténue des éventuelles moins mauvaises nouvelles.
Dans de telles conditions, l’équilibre financier est tout simplement hors de portée, sachant que le coefficient moyen d’occupation est tombé ŕ 72% pour l’ensemble des membres de l’AEA, avec, ici et lŕ, des chiffres beaucoup plus bas, entre 60 et 62% sur les lignes intérieures et le court-courrier européen. C’est sur l’Atlantique que l’on trouve quelques chiffres meilleurs, de 73,5 ŕ 82,4%, mais cela sans préjuger de l’impact ŕ venir de la grippe A, alias grippe porcine.
De maničre plus générale, le pavillon européen se défend mieux sur le long-courrier, au prix d’une nette contraction de l’offre qui, idéalement, devrait ętre diminuée plus vite et plus fort qu’elle ne l’est, une gageure.
Du côté des low-cost, on ne pavoise plus. Seule EasyJet tire son épingle du jeu, bénéficiant d’ores et déjŕ d’un net infléchissement de sa stratégie, l’expansion étant volontairement trčs ralentie au profit du maintien de la rentabilité. Le trafic recule de 6,3% mais le coefficient d’occupation reste au niveau exceptionnel de 83,6%
Chez Ryanair, oů les promotions se multiplient, le nombre de passagers a augmenté de 5%, un exploit, mais, chez Air Berlin, il recule de 3,4%. La crise s’incruste.
Pierre Sparaco - AeroMorning