Ils n’ont pas fini de nous faire fantasmer ces américains avec leurs cowboys, leurs indiens et leurs larges territoires qui sentent bon le sable chaud. Dire que ce premier album solo du chanteur du groupe rock psyché français I Love UFO sent la poussière et la canicule serait un euphémisme. C’est un désert à lui tout seul, auquel l’accès semble restreint dans un premier temps à toute personne susceptible de faire usage de psychotropes. Les volutes de peyotl flottent, le tipi remplace le studio, le chant est chamanique, pas étonnant que les principaux faits d’arme du gus soient la première partie live de Wooven Hand et une apparition plage sept de la compilation Voyage. Mastérisé en Californie, chanté en anglais, Butch McKoy chasse définitivement sur d’autres terres.
Ses attachés de presse sont formels, Welcome Home est un disque introspectif, écrit avec du jus de trippes. Soit. Mais comment eut-il pu en être autrement ? De la première à la 48ème minute des treize morceaux présentés, la spiritualité transpire, suinte, s’infiltre. Tantôt possédé, tantôt dépouillé Butch semble raconter son voyage initiatique suffocant et angoissant. Un trip du genre bad, pourtant sans excès et authentique.
Seul sur pratiquement chaque morceau, avec sa guitare comme principal exutoire, Butch - qui tire son (sur)nom d’une bande dessinée - a fait le (juste) choix du minimalisme. A peine quelques réverbs bien placées, juste assez pour étendre la catégorie folk entre les étiquettes psyché et expé, j’en suis sûr, sans le faire exprès.
Vous l’aurez compris, Welcome Home ne contient pas de single dancefloorisable, mais tout juste les relativement enlevés "On and on" et "On the road". Le reste, bien plus sombre et lancinant, risque de vous évoquer les récents Black Angels (par ailleurs designeurs en chef de la pochette), Liars (à la rigueur) et forcément quand on parle de peyotl, Mister Jim Morrisson et Master Syd Barrett. Si et seulement si vous lisez encore ces lignes à l’heure qu’il est, c’est que le genre vous intéresse, et que vous pouvez alors vous délecter sans problème de "Stars", "1000 Dreams" et de la magnifique ballade "Story of a child", avant de sortir du tipi exténué mais satisfait d’avoir confronté votre démon.
En bref : sombre, violent et minimaliste à la fois, un jeune français touche à tout frappe très fort dans un genre habituellement réservé aux américains.
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Le Myspace
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A la bougie :