Dans le précédent billet, j'affirmais que les arts océaniens se révélaient être une inépuisable source d'étonnements.
Je me souviens qu'une sculpture de ce type fut l'objet de la première question posée, il y a quelques années de cela, en préambule au premier cours d'histoire des arts d'Océanie que je suivais alors.
De quoi s'agissait-il ?
Je pense que nous fûmes plusieurs à répondre en choeur qu'il s'agissait là d'un siège. Un tabouret «cérémoniel» osions-nous le qualifier ainsi, tant la sculpture était belle et que seul le « sacré » aurait pu justifier l'importance du travail.
À partir de ce qui allait s'avérer être une complète méprise et d'autres exemples judicieusement choisis, nous comprîmes très vite que les arts d'Océanie allaient se jouer de nos intuitions et de nos préjugés !
Ces deux objets ont été réalisés en région Iatmul, dans le Moyen-Sepik, et sont en fait des pupitres d'orateur ou teget. La figure du pupitre indique la présence de l'ancêtre du clan dominant de la Maison des Hommes du village.
Les joutes oratoires étaient fréquentes et importantes puisqu'elles permettaient à certains hommes d'augmenter leur prestige. Un crédit qui s'avérait d'autant plus important dans ces sociétés à Big Men, hommes d'influence dont le pouvoir s'acquérait sur une méritocratie, sur leur capacité à accroître sans cesse les richesses échangées.
Lors de ces débats, les orateurs étaient debout près du pupitre et frappaient celui-ci avec un bouquet de feuilles, accompagnant ainsi du geste, les points importants de leur discours.
Photo 1 : Musée du Quai Branly.
Photo 2 : in Meyer, A. J. P. 1995. Art Océanien.