Peux-tu nous en dire plus sur la genèse de Dååth ? Est-ce qu’Atlanta est une bon endroit pour jouer du metal ?
Emil Werstler : Au départ Dååth était plutôt un projet de studio avec l’envie d’écrire de bonnes chansons de metal. Une fois que nous nous sommes réunis, on a vécu une super expérience qui nous a inspirée et donnée envie de continuer dans cette direction. Le projet a donc commencé à prendre corps. Atlanta est comme toutes les autres villes. C’est toujours dur de trouver des gens suffisamment talentueux et fous pour quitter leur vie ordinaire et devenir des musiciens de tournée. Au départ, tout le monde veut faire partie de ce monde jusqu’à ce qu’ils se rendent compte de l’immense implication que cela demande et des sacrifices que l’on doit faire au quotidien. Je dirais qu’Atlanta est au même niveau que d’autres grandes villes. Il y a tellement de bons musiciens qui viennent d’endroits paumés, pas du tout connus pour leur scène musicale… Ce qui est important, c’est le travail que tu fournis et la façon dont tu t’y prends pour y arriver. L’endroit d’où tu viens n’est pas la chose la plus importante pour se faire remarquer.
Pourquoi avez-vous choisi ce nom ? Est-ce que c’est, en quelque sorte, un hommage au légendaire Death ?
Non, pas du tout. A l’origine, le projet s’appelait Dirt Nap mais, pour des raisons juridiques, nous avons changé pour Dååth. Le choix de ce nom est dû à des raisons conceptuelles et philosophiques sur lesquelles je ne me suis pas penché à l’époque. En tant que guitariste, je trouve ce nom parfait. Quand j’écoute notre musique, le nom de Dååth me vient à l’esprit. J’aime à penser qu’il en est de même pour nos fans.
Peux-tu nous parler de chacune de vos réalisations, que ce soit les albums « Futility », « The Hinderers » ou le Ep « Dead on The Dancefloor Digital » ?
« Futility » était un projet avec des objectifs précis en tête. Toute la production et la promotion de ce disque ont été faits par nos propres soins. Nous avons été très critiqués et, en même temps, il y a une poignée de fans qui se s’est mis à nous suivre. « The Hinderers » est, quant à lui, un album qui rassemble plusieurs morceaux écrits et enregistrés à différents périodes. Nous étions en train d’écrire et d’enregistrer ce disque quand Roadrunner s’est intéressé au groupe. Nous avons alors composé quelques titres supplémentaires pendant la période de négociation du contrat avec le label. « The Hinderers » est notre premier disque a être sortie dans le monde entier. Enfin, « Dead on The Dancefloor Digital » est probablement un morceau qui a fait fuir les fans de metal old school mais cela n’empêche pas le fait que c’est une chanson très fun et spontanée. Eyal Levi (l’autre guitariste) et moi avons toujours eu en tête le fait de réaliser des versions alternatives ou des remixes de nos titres, à l’instar de certaines formations pop ou dance. Nous avons parlé de cette idée au label et nous avons choisi de travailler avec Dann Lohner dont nous sommes tous fans. Il a fait un travail remarquable !
Peux-tu nous parler des conditions dans lesquelles vous avez enregistré votre nouvel opus « The Concealers » ? Comment se sont déroulées les sessions d’enregistrement ?
Je crois que pour améliorer le processus, il faut, d’une manière ou d’une autre, que tu fasses table rase de tes expériences précédentes. J’attends toujours beaucoup d’un projet pour lequel j’investis une grosse partie de ma vie et de mon indépendance financière. Je suis certain que les autres membres du groupe sont dans le même état d’esprit. Si tu veux élever le niveau, il faut s’attendre à ce que ce ne soit pas facile. Le processus d’enregistrement de ce disque a donc été un peu brutal parce que nous nous sommes mis la pression. Ça n’a pas était facile…
Justement, comment voyez-vous l’évolution de votre musique et des albums qui en découlent ?
Nos disques sont de mieux en mieux. Nous nous améliorons en tant que musiciens et, à mon sens, la qualité de notre orientation musicale est de plus en plus intéressante à chaque écriture et enregistrement. Pour chaque album, nous travaillons avec des producteurs différents mais nous écrivons les morceaux avant de les rencontrer. Leur « patte », en tant que producteur, est un peu la cerise sur le gâteau. Nous évoluons simplement parce que nous sommes des musiciens qui prennent les choses au sérieux et qui cherchent à s’améliorer à chaque étape.
Comment faites-vous la balance entre la brutalité musicale et votre volonté d’intégrer des mélodies ?
C’est comme toutes choses dans la vie, trop ou pas assez d’une seule chose, ce n’est pas intéressant. Il faut que ce soit équilibré. Si un morceau devient ennuyeux c’est qu’il faut, d’une manière ou d’une autre, le booster. Avec nos transitions musicales, nous essayons de résoudre des problématiques, je veux dire que c’est comme si les équations musicales se résolvaient d’elles-mêmes petit à petit, du couplet au refrain. Face à cette « méthodologie », nous fonctionnons également à l’instinct la plupart du temps. Souvent, on se dit : « Ce titre est ennuyeux, il a besoin de brutalité » ou « Ce morceau n’est pas mémorable à cause de toutes ses parties agressives. Introduisons de la mélodie pour le rendre plus accrocheur. »
Comment se déroule votre tournée américaine avec Dragonforce et Cynic ?
Il ne reste quelques jours avant le début de la tournée et nous sommes totalement concentrés sur celle-ci. J’ai grandi en écoutant Cynic. Paul Masvidal est le premier guitariste dans le domaine du death metal à avoir eu une approche fusion de son instrument. Il est responsable du fait d’avoir ouvert beaucoup de portes pour moi à mes débuts. Je vais donc prendre mon pied en le voyant jouer tous les soirs. Quoiqu’il en soit, je suis sûr qu’il y aura de la fatigue, du fun et des surprises tout au long de cette tournée !
Propos recueillis par Laurent Gilot
Dååth, The Concealers (Century Media)
Sortie le 20 avril 2009
Dååth, The Worthless, Vidéo live