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Égypte : chasse aux porcs… et aux coptes

Publié le 05 mai 2009 par Anomalie

 

ÉGYPTE : CHASSE AUX PORCS… ET AUX COPTES On savait déjà que les symptômes de la fièvre médiatique étaient bien plus dommageables pour l’intelligence que ceux de la grippe porcine (grippe A, nous somme-t-on de dire). Lessivées par des heures de reportages alarmistes plus contradictoires et abscons les uns que les autres, les foules gagnées par la psychose stockeraient, si elles le pouvaient, des doses de tamiflu comme les vieux grognons stockent du sucre à chaque évocation d’un mouvement social. Les mines contrites des journalistes en disent long sur la jouissance à peine refoulée d’avoir trouvé là LE sujet catastrophiste du printemps pour remobiliser des téléspectateurs à peine remis du matraquage quotidien sur « la crise ». Pourtant, ne nous plaignons pas trop. En Égypte, c’est bien pire : cette psychose, savamment instrumentalisée par un pouvoir soucieux de donner des gages aux Frères Musulmans, s’est muée en une véritable guerre contre la minorité chrétienne du pays, vivant de l’élevage de porcs. Récapitulons.
Les autorités égyptiennes ont unilatéralement décidé, la semaine dernière, de l’abattage systématique du cheptel porcin du pays, soit 250.000 têtes ! Or, selon Bernard Vallat, directeur général de l’organisation de la santé animale (OIE), « les élevages de porc ne sont pas, jusqu’à preuve du contraire, responsables de l’épidémie de grippe. Par ailleurs, Keiji Fukuda, directeur général de l’OMS, a déclaré mercredi ÉGYPTE : CHASSE AUX PORCS… ET AUX COPTES que son organisation n’avait connaissance d’aucune personne contaminée par des porcs ». L’OMS, consternée, ne peut que rappeler l’inanité d’une telle mesure, aucun cas de grippe n’ayant été décelé en Égypte. Pire : le virus A H1N1 ne se transmet pas en consommant du cochon, mais d’homme à homme, ou d’homme à animal ; on a même le cas, au Canada, d’un pauvre pourceau infecté par son éleveur, un hominidé bien comme il faut ! En cherchant un peu, il n’est pas bien compliqué de saisir les dessous d’une telle mesure : les chrétiens coptes, estimés à 12 millions de personnes, sont les seuls habilités à élever et consommer du porc dans un pays que les islamistes considèrent comme terre d’islam. Et voici désignés par avance les boucs émissaires d’une éventuelle future épidémie de grippe « porcine ». Le 3 mai dernier, des affrontements ont opposé des éleveurs et des policiers venus pour abattre leur cheptel porcin, dans le quartier cairote de Moquatam, où vivent environ 35 000 chrétiens, pauvres parmi les pauvres, discriminés par la majorité musulmane. Les fameux « chiffonniers du Caire » si chers à Sœur Emmanuelle, qui survivent en triant les monceaux d’ordure de la mégalopole, sont pratiquement tous coptes. Les islamistes des frères Musulmans, bêtes noires d’un pouvoir qui ne cesse cependant de les amadouer à des fins de paix sociale, ont depuis longtemps lancé un djihad de l’ombre, discret mais méticuleux, contre la minorité chrétienne autrefois florissante. Rappelons simplement que les coptes sont les descendants des populations autochtones de l’Egypte antique, convertis au christianisme au Ier siècle, dont la langue actuelle est la seule survivance de celle parlée au temps des pharaons. Le nom même de copte, qui est une déformation linguistique de Kuptios, du grec Aeguptios, a donné son nom au pays, l’Egypte.
ÉGYPTE : CHASSE AUX PORCS… ET AUX COPTES
La psychose liée à la grippe A a été savamment instrumentalisée par les islamistes pour franchir un palier supplémentaire dans les exactions commises à l’encontre des coptes. Il s’agit donc ni plus ni moins d’une nouvelle persécution religieuse déguisée en mesure sanitaire. Le Coran est très clair sur le sujet : le porc est un animal « impur », vecteur de maladies, sa « chair est une souillure », et le musulman doit se conformer au commandement d’Allah. Soit, rien à y redire. Les Juifs aussi s’abstiennent de consommer du porc, comme le prescrit le Lévitique. Le problème est que cette mesure d’abattage systématique des porcs est une tentative masquée d’islamisation forcée des non musulmans d’Egypte. Si, officiellement, l’Egypte tolère dans sa constitution les autres religions que l’islam, dans la pratique, l’islam égyptien, qui compte des prédicateurs parmi les plus fanatiques, supporte de moins en moins qu’une fraction, pourtant minoritaire, de la population ne suive pas dans tous les domaines, y compris culinaires, les directives de la religion musulmane. Cette solution radicale au « problème » porcin, ourdie par le gouvernement égyptien, ne pourra que réjouir ces fanatiques. Finalement, les islamistes ont eu gain de cause, dans la mesure où la décision d’abattage vise à ce que les coptes (ainsi que toutes les autres minorités religieuses, athées ou agnostiques) d’Egypte obéissent aux tabous alimentaires d’une religion qui n’est pas la leur. Comme il était difficilement envisageable pour le gouvernement égyptien de leur interdire de manger du porc, il se contente de sauter sur cette occasion épidémiologique imprévue pour supprimer tout leur approvisionnement en porc sous un faux prétexte.
Les coptes subissent depuis près d’une décennie un regain de violences islamistes : conversions forcées, interdiction des mariages mixtes, commandos punitifs dans des villages chrétiens, pillages de commerces, représailles si les églises font sonner leurs cloches, fusillades, attentats… Les musulmans sont également victimes de cette radicalisation : menaces de mort à l’encontre des libéraux, interdiction de l’apostasie, pogroms contre la petite minorité bahaï, infiltration massive des fanatiques des Frères Musulmans dans les sphères judiciaires et politiques… Le pouvoir central n’échappe aux islamistes que par la main de fer d’Hosni Moubarak. Mais pour minimiser les violences sociales et religieuses, le président se doit de donner régulièrement des gages aux Frères Musulmans, qui tiennent la rue. Les minorités sont les premières sacrifiées sur l’autel de cet équilibre précaire.
Source : Riposte Laïque / Adaptation : Anomalie pour Nouveau Monde Info POUR EN SAVOIR PLUS
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