Mon père avait l’habitude de me dire qu’il était très utile d’avoir toujours une oreille qui traîne. Un conseil qu’avait sûrement aussi prodigué monsieur Van Gogh senior à son rejeton, et que celui s’était empressé d’appliquer à la lettre.
Aujourd’hui, paraît dans l’honorable journal Le Monde un article faisant part de la thèse soutenue par deux universitaires allemands, arguant que Vincent ne se serait pas automutilé, mais que Gauguin lui aurait coupé un bout d’oreille au cours d’une dispute alcoolisée. Comme ils étaient les deux seuls présents au moment des faits, il y a de fortes chances que l’on ne sache jamais ce qui s’est exactement passé.
Si cet article a retenu mon attention, c’est parce que cela fait longtemps que j’avais entendu parler de cette version et que j’étais surprise de la voir présenter ici comme un fait nouveau. Parmi les mille et une choses que j’ai faites dans ma vie, j’ai accompagné des touristes en visite à Arles, ville où toutes sortes d’histoires circulent sur le séjour de Van Gogh en Provence, y compris celle de l’agression par Gauguin. Lors de mes passages, comme j’avais les oreilles qui traînaient, forcément, j’en avais entendu causer…
Sachant cela, je serais curieuse de savoir où ces deux universitaires ont été passer leurs dernières vacances et, surtout, quel type de conseil leur était prodigué par leur paternel !