Lettres anonymes

Publié le 05 mai 2009 par Chroneric

C'est un bouleversement qui s'opère depuis déjà quelques jours, qui va quelque peu nous perturber, du moins au début. Les nouvelles plaques minéralogiques adoptent un nouveau concept de numérotation, à savoir deux lettres, trois chiffres puis deux lettres. Un semblant de plaque hollandaise mais elles sont bien françaises. Après une révolte parlementaire, le numéro du département a été ajouté à l'extrémité droite de la plaque. Quand je dis "ajouté", je veux dire "imposé".

C'est là le premier hic que je relève. Sous couvert de sauvegarder notre patrimoine culturel, notre identité territoriale, les élus ont obtenu du ministère que les numéros de département, surmontés du logo de la région, soient obligatoires. Je ne sais pas d'ailleurs si vous avez remarqué, mais ce numéro de département ne se voit que si le véhicule roule doucement ou est à l'arrêt. J'ai déjà vu trois nouvelles plaques et une dont je n'ai pu lire le numéro car elle allait trop vite. En tous les cas, vous n'êtes pas libres de ne rien mettre. Ca aurait pu être original pourtant de n'avoir rien et, au-delà d'être Français, de dire "Je suis européen", car le logo de l'Europe apparaît à gauche.

A moins de trouver une astuce pour cacher ce département, vous devez donc choisir un numéro de votre choix. Vous pouvez adopter celui dans lequel vous résidez, histoire de garder une continuité avec une ancienne immatriculation, ou alors choisir un autre : lieu de naissance, coup de cœur ou envie de prestige voire de tromper les autres automobilistes, tout est permis.

C'est là le deuxième hic. Vous ne pourrez plus vous fier à ce qui est écrit. C'est comme les pseudos dans les forums ou les tchats sur Internet. Le conducteur qui est devant vous n'est pas celui que vous croyez. Adieu les noms d'oiseau aux chauffards de passage, adieu la joie de dire que les habitants de tel ou tel département conduisent très mal. Maintenant, nous sommes fondus dans la masse. C'est l'anonymat le plus total. Finalement, il n'y aurait pas ce numéro de département, cela reviendrait au même.

Alors, concrètement, sur la route, quels pourront être les conséquences. Nous pouvons peut-être nous attendre à un changement de comportement. Ne sachant plus qui est qui, nous devrons rester attentifs à tous les véhicules. Nous serons moins tentés, enfin pour certains, de vouloir doubler untel, qui vient d'ailleurs, pour arborer son immatriculation locale et lui signifier "T'as vu, je suis d'ici alors je te double car je sais où je vais". Doubler ne sera plus un jeu mais un dernier recours, au cas où. La nouvelle plaque, un outil de prévention routière ?

En attendant, la configuration de notre hexagone se métamorphose avec ce concept de plaque. Nous ne formons plus qu'un. Nous serons obligés d'être solidaires avec tous les automobilistes, fini de "tri" sélectif.