Paru le 2009-05-05 15:25:00
France - Son nom : Paysandisia archon. Ses habitudes alimentaires : s’attaquer à toutes les espèces de palmiers ornementaux du sud de la France et du nord du bassin méditerranéen. Face à la menace, chercheurs et scientifiques organisent la résistance.
"Tout l’arc méditerranéen, de l’Espagne à l’Italie, est touché par ce papillon particulièrement invasif et qui menace les plantations de palmiers-dattiers du Maghreb et des pays du Sud. Des essais en laboratoire ont montré que les larves en étaient très friandes…" explique Laurence Ollivier, chercheuse au Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement).
Originaire du nord de l’Argentine et de l’ouest de l’Uruguay, l’insecte aurait débarqué en France dans les années 2000, à l'occasion d'importations de palmiers. Vingt espèces végétales, dont certaines endémiques du Midi de la France, constituent aujourd'hui ses hôtes et sont désormais infestées. Chaque été, l’insecte envahit de nouveaux sites et s’y installe. Sitôt sorties de l’œuf, les jeunes chenilles colonisent le cœur de l’arbre et sont indétectables au premier regard. Après un développement de près d’un an, entraînant pourriture et déformations des feuilles qui affectent la croissance et la survie de l’arbre, c’est un papillon qui s’extirpe du stipe. Un palmier très infesté peut être colonisé par des centaines de larves.
Une glu, développée par l’Inra, a fait ses preuves sur les palmiers du campus Inra-SupAgro de Montpellier et sur ceux de la municipalité de Montpellier mais la substance n’est pas encore disponible sur le marché. Les pesticides chimiques actuellement employés sont peu adaptés au niveau d’infestation et ne sont en aucun cas une méthode de lutte durable.
L’équipe de Laurence Ollivier oriente quant à elle ses recherches vers la lutte biologique et cherche des ennemis naturels du papillon, parasitant ses œufs par exemple. Pour ce faire, une mission de terrain en Argentine/Uruguay dans l’aire d’origine de l’insecte s’imposerait. Dans l’immédiat, avec l’aide des espaces verts de la ville de Montpellier qui fournit des stipes infestés, les chercheurs étudient le comportement de reproduction de l’insecte en conditions naturelles et en laboratoire.
Un système de pièges à phéromone pour une lutte physique contre le papillon ravageur est par ailleurs à l’étude. "L’alternative pourrait encore être de planter des essences méditerranéennes comme le tamaris, le platane, le cyprès, l'olivier de Bohème et le pin", conclut Laurence Ollivier.